livre bemidbar

paracha: BALAK

RÉSUMÉ. — Israèl campe en face de Moab; Balak, roi de Moab, ef frayé par l’approche de ces inconnus, envoie chercher le devin Balaam pour qu’il vienne maudire ce peuple et conjurer ainsi le danger. Balaam se met en route sur son ânesse. En chemin la bête s’arrête devant un ange de D. qui lui barre le passage et, aux coups répétés et furieux de son maître, lui réplique en langage humain en lui indiquant la raison de son refus de marcher. Balaam arrive enfin mais incapable d’agir autrement que par la parole de D. il prononce des bénédictions magnifiques sur ce peuple qui ne craint aucune puissance humaine et qui vil seul, mais fort de la protection de son Maître. « Que les tentes sont belles, Jacob ! ». Pendant plusieurs mois, Israèl reste dans le voisinage de Moab et cette proximité aura des conséquences regrettables car les filles de Moab viendront inciter un bon nombre d’hommes juifs à la débauche et à l’idolâtrie. Le scandale ateint  son comble lorsqu’un chef de tribu, Zimri, de la tribu de Siméon, t»nduit une Moabite en plein camp luit sous sa tente. Aussitôt Pinhas, petit-f ils d’Aaron s’élance, le lavelot à la main et i,enge l’honneur de D. et d’Isra~l en tuant les deu~r coupables.

 
 
COMMENTAIRE

ISRAEL ET MOAB. — Rieù ne caractérise mieux l’impression profonde que 1. libération d’Israèl et les hauts faits du passage a travers mer et désert, avaient faite sur le monde non-juif que ces premières phrases du chapitre XXII qui dépeignent la panique suscitée par i approche des colonnes juives parmi les puissants voisins. Deux rois, Si’hon et Qg, qui ont voulu s’opposer par les armes au passage d’Israel ont été vaincus. Et cependant, Moab la guerrière avait été elle—même vaincue par l’une des deux nouvelles victimes d’Israel. Maintenant le sort de Moab ne fera plus de doute. Mais curieusement, nous constatons qu’entre Moab et Israel, il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais de conflit. Cela est dû à un facteur (qui dominera toute la politique juive): la non-agression contre tous ceux qui ne seront pas véritablement animés d’intentions hostiles. Evidemment, cela permet une interprétation et chaque nation a pu pour chaque guerre invoquer les motifs de légitime défense. M ais il s’avère que pour une fois dans l’histoire du monde, le peuple juif a su s’en tenir strictement à la notion de la guerre dé~ens~ve (abstraction faite de la guerre de conquête du pays de Chanaan dont les limites étaient désignées d’avance, et qui furent

rien. Contrairement à Si’hon et Og qui venaient à la rencontre du peuple, les armes à la main, Moab n’aura rien à craindre tant qu’il n’attaquera pas. Mais la peur des inconnus, des étrangers venant de l’Orient, est trop forte et Balak, roi de Moab, face à un danger exceptionnel, croit devoir recourir à des moyens exceptionnels. Il fera appeler le visionnaire Balaam ((pour jeter un sort » à Israel.

BALAAM. — La Sidra Balak nous transporte à la fin de l’époque des quarante ans de souffrances dans le désert, à un moment où le peuple a gagné, grâce à l’école du désert, une unité spiritueli~ et physique qui le rend apte à prendre son envol et àoccuper la place que le plan de D. lui réservait parmi les peuples. Nous sommes certainement, arrivés à un instant où la puissance morale d’Israêi atteint son maximum. Les mauvais éléments sont éliminés, le peuple a appris à se fier à D. et en même temps à mettre en oeuvre toutes ses ressources pour tracer son chemin en accomplissant fidèlement son devoir. C’est à ce moment-là que la Thora raconte l'histoire de Baalam, le prophète étranger qui par desparoles d’une rare beauté, a su rendre hommage au génie d’ Israel et recQxmaltre sa mission éternelle.
La personnalité de Balaam, présente de très grandes difficultés qui ont d’ailleurs incité un certain nombre de critiques à voir dans ce récit une juxtaposition de plusieurs phases et de plusieurs personnes dont la tradition juive aurait gardé une image aussi complexe qu’invraisemblable. En réalité, il n’en est rien et si la personne de Balaam semble contenir des éléments contradictoires, un tel fait n’est pas rare en lui-même, voire impossible. Ce n’est que dans la mauvaise littérature que les hommes apparaissent sous un angle unique, catalogués et séparés en ((bons » et (<mauvais ». La réalité est toute autre, et il y a de tout en chacun. Certes, Balaam n est pas l’ami d’Israèl. Mais il appartient à cette lignée d’hommes dont font partie Malkisédek, Job et Jethro qui, dès le premier âge de l’humanité et peut-être parallèlement à Abraham, ou tout au moins ô sa suite, ont reconnu la vérité et la réalité du D. Un. Tel fut le cas pour Balaam, mais chez lui cette reconnaissance de D. ne s’allie pas ô la bonté du caractère et à la parfaite moralité du comportement parce que précisément, cette reconnaissance de D. n’avait pas reçu son ultime affirmation et son orientation par la révélation du Sinaï. Balaam, dans toute la complexité de son caractère est un excellent exemple de la nécessité de faire passer la connaissance de D. par le canal purificateur du commandement de D. pour qu’elle puisse effectiyement agir sur le caractère de l’homme. Balaam connaît D., mais cela ne l’empêche pas de s adonner ô un culte idolâtre. Ses instincts n’ont pas encore reçu l’empreinte de la discipline que procure seule la loi révélée. Balaam reconnaît D., mais cela ne semble pas l’inciter à suivre spontanément l’ordre de D. L’enseignement du Sinaï, avec son -appel à la libre soumission, lui fait défaut. Balaam croit en D. Mais il n’est pas Juif.
Une fois de plus, la «haine gratuite », sans fondement, est àl’origine d’un bouleversement, d’un affolement général. Israel n’a nulle part fait preuve d’agressivité contre Moab et Madian. Au contraire, Jethro, prêtre de Madian, avait été reçu en grande pompe par son gendre Moïse. Mais les relations entre les hommes s enveniment rapidement quand des démagogues sans scrupule savent se servir de ces armes naturelles qui s’appellent la peur et la jalousie. Madian et Moab font appel à Balaam. On ne combat un ennemi qu’avec des moyens adéquats. Israèl, l’allié de D., ne peut. être attaqué qu’avec des armes surnaturelles. Balaam est entouré de tout le mythe de l’Orient, et semble être un véritable «professionnel » de l’art prophétique. D’ailleurs, tout le monde antique, aussi bien les Grecs et les Romains que les peuples de l’Orient croient en la force des bénédictions et. des malédictions prononcées par les hommes à l’adresse de leurs amis ou ennemis. En particulier dans le bassin assyro-babylonien, s’était enracinée la croyance en la puissance de certains hommes-démons qui pouvaient modifier la décision des divinités, et aussi bien assurer la prospérité et le bonheur des hommes que provoquer des misères sans fin. Ce sont de véritables sorciers parmi lesquels il faut ranger Balaam, tout en sachant que Balaam est,, de loin, plus intelligent que la plupart de ceux qui faisaient appel à ses services, qu’il connaissait très bien sa propre impuissance et avait une notion très exacte de D. et de Son pouvoir. Mais pour des raisons de prestige, peut-être même aussi d’avantages matériels. Balaam maintient autour de lui le mythe de sa puissance surnaturelle, et c’est là sans doute le premier pas vers une explication de la curieuse nature de ce personnage. Le Talmud va jusqu’à dire que, si Balaam avait été juif, il aurait été digne de recevoir la Thora. Preuve que Balaam ne pouvait pas être assimilé à la moyenne des aimables fantaisistes qui composent l’innombrable armée des magiciens et prêtres de l’antiquité.

Dès le début, D. lui apparaît pour lui faire comprendre les limites auxquelles il devra s’astreindre. Et la réponse que Balaam fait aux délégués de Balak, indique clairement qu’il connaît dorénavant les consignes de D., et qu’il est prêt à s’y soumettre. Balak, de son côté (et cela jette une curieuse lumière sur la renommée de Balaam), croit que le refus initial de Balaam doit être attribué àl’insuffisance de la récompense promise. Il renchérit et le caractère complexe de Balaam se manifeste de n&uveau lorsqu’il demande à D. si, dans ces nouvelles conditions, il peut céder aux instances de Balaam. Et à notre grande surprise, D., contrairement au précédent refus, lui donne l’autorisation de partir. Le Talmud explique cette décision de D. en disant : l’effronterie peut avoir gain de cause même en face de D., D., las de l’insistance de Balaam, dit Je ne veux pas la perte des pécheurs, mais si tu tiens absolument à aller à ta perdition, je ne voudrais pas t’en empêcher.

Et nous arrivons alors à l’épisode fameux de l’ânesse qui soudain parle à Balaam en lui reprochant de l’avoir injustement battue et lui montre l’ange qui barre le chemin. La plupart des commentaires expliquent ce miracle en insistant sur la leçon profonde que reçoit Balaam par la bouche d’un animal qui connaît mieux que l’homme le respect devant la consigne divine l’ange barre la route, nul animal ne saurait avancer. Mais l’homme ne voit pas l’obstacle. Balaam, connaissant la pensée de D. a néanmoins osé aller rejoindre Balak. Cette leçon lui servira, tout au moins à respecter dorénavant les ordres de D. qui lui parviendront au fur et à mesure.

Selon la plupart des commentaires, l’ânesse a littéralement prononcé les paroles qu’indique le texte, mais selon d’autres commentaires, Balaam a cru comprendre dans les cris de l’animal le sens des phrases que l’on connaît. D’une manière ou d’une autre, Balaam a été averti par l’ange d’avoir à prendre garde et de ne pas affronter la colère de D. Ces versets ne manquent même pas d’ironie, comme par exemple lorsque Balaam, furieux, menace l’ânesse on lui disant « Si j’avais un glaive à ma main, je te tuerais sur place ». Et le Midrach d’ajouter: L’ânesse souriait on pensant que Balaam réclamait un glaive pour la tuer, mais croyait pouvoir anéantir tout un peuple avec les paroles de sa bouche. Nos commentaires voient même des enseignements d’ordre général dans ce passage. Maïmonide, entre autres, parle de la défense de maltraiter les animaux, comme nous le voyons dans la phrase de l’ange (XX1I, 32) « Pourquoi as-tu battu ton ânesse ? ».
Balaam est originaire du pays d’Abraham, de la contrée d’entre-les-deux-fleuves, berceau de la grande poussée monothéiste qui a transformé le monde. Balaam est sans doute l’un des visionnaires les plus authentiques de l’histoire. Il possède à un certain degré le don de prophétie et d’après une opinion du Talmud, aurait pu devenir un deuxième Moïse s’il avait su employer ses dons, si riches, pour autre chose que l’ambition personnelle, le pouvoir, la richesse. Car c’est ainsi que nous voyons s’accomplir les premières formalités lorsque le roi de Moab l’invite à venir envoi de cadeaux, honneurs royaux, voilà ce que Balaam était sans doute habitué à obtenir en échange de ses services. Quelle différence avec Moïse qui, loin de viser à l’enrichissement et « la carrière », a au contraire sacrifié sa quiétude, sa vie de famille, même son renom, au devoir qu’il avait accepté!. Comparons, disent nos Sages, un Balaam avec un Isaïe ou un Jérémie. Ces derniers ne cessent d’avertir les hommes des dangers moraux du péché. Balaam n’hésitera pas (Ch. XXV) àconseiller de pervertir les hommes par les moyens les plus vils pour accomplir son projet politique. Balaam bénit mais il vient pour maudire. Balaam croit pouvoir accepter la lourde charge de jeter sa parole contre tout un peuple. Mais son ânesse, animal si humble, pourra lui infliger une leçon, car elle voit l’ange là où le prophète ne voit rien. Elle sent la gravité du moment, hésite à avancer et lui, sous l’emprise totale de la passion, la frappe aveuglément et ne voit point l’obstacle. Et le Midrach va jusqu’à dire Sache que la Thora relate tout cet épisode uniquement pour t’expliquer la raison de la disparition du don de prophétie parmi les peuples. Car, dit-il, Balaarn était des leurs, et il n’a su employer ses dons magnifiques qu’à satisfaire sa vanité, son orgueil.

LES PARABOLES DE BALAAM. — «Que la bouche des autres chante tes louanges, mais non la tienne », c’est cette parole biblique que nos traditions appliquent aux paraboles de Balaam. En effet, nulle part, chantres et prophètes n’ont trouvé de paroles plus belles que celles de Balaam prononçant — malgré lui — l’éloge du peuple unique. De la foule des pensées qui se dégagent de ces phrases, détachons en quelques-unes, caractéristiques et frappantes. « Comment pourrais-je maudire là où D. n’a pas maudit, frapper où D. ne frappe point? ». C’est ainsi que Balaazn donne avec une précision remarquable le «la » de toute l’histoire d’Israel. Jamais, les hommes fussent-ils parmi les plus puissants, n’ont pu réaliser leurs desseins criminels contre fsrael aussi longtemps que D. n’y a pas consenti. Et l’inverse est vrai aussi Si D. avait décidé du destin d’Israèl, toutes les mesures préventives, tous les échappatoires, tous les essais d’alliance avec d’autres hommes pour échapper au sort mérité échouaient (voir l’histoire de la chute du Temple).
«Gar c’est un peuple qui réside à part, qui ne se considère pas parmi les nations », et c’est là la raison pour laquelle Israel restera comme
b~5rméable à toutes les atteintes, et malgré ses profondes hies-

s, subsistera; car Israèl a une place à part, ni au-dessus, ni lessous des autres, mais à part. Israel doit mettre tous ses rts à conserver son originalité, car c’est à elle seule qu’il doit salut. «Il n’y apas de devins en Jacob, point de sorcellerie en ael, car à chaque instant, il sait ce que D. oeuvre ». Voilà ce qui me cette assurance, cette tranquillité d’esprit à Israel qui ne fera pas courir vers les voyants et les extra-lucides, qui lui donra sa droiture et sa sérénité Israél connalt l’oeuvre de D., Israel se déconcerte jamais, car il sait donner à toutes choses sa place îr rapport à D. Et finalement, la grandiose péroraison: «Gomen sont belles tes tentes, Jacob, tes habitations, [srael. L’eau ~ve coule de tes seaux et riche est sa semence ». C’est la pureté es familles, la beauté des tentes, l’union qui règne entre tous les roupes de ce peuple de frères, qui arrachent à Balaam ces paroles. ette pureté est la garantie pour que les semailles lèvent, car la ~emer~ce est bonne ; et la garantie, pour que, malgré sa faiblesse numérique, Israel résiste à toute attaque. «Ceux qui Te maudissent seront maudits, ceux qui Te bénissent seront bénis ».
Nulle part, la puissance de D. ne se manifeste avec autant de grandeur, que lorsqu’elle oblige ses ennemis à Lui rendre hommage et à s’incliner devant lui. Que ce soit par des paroles ou par l’expérience des faits, l’humanité souvent doit reconnaître la suprématie du Maître, mais la reconnaître à son corps défendant.
Ce qui impressionne particulièrement le visionnaire étranger, c’est l’harmonie et la paix qui règnent dans les rangs d’Israêl, et qui donnent à son camp la note d’une entente et d’une fraternité parfaites. Le Midrach mentionne que Balaam a remarqué que les portes des tentes juives n’étaient pas placées face à face, symbole de la discrétion et de l’égard que chacun avait pour autrui : «Que tes tentes sont belles, Jacob ».
Toute la prophétie de Balaam est l’expression d’une extase et d’une authentique inspiration. Une image grandiose se présente où il est question autant de l’avenir que du présent, du succès triomphal de la mission d’Israel, que de la prospérité de ceux qui défendent l’idéal de D. « Puisse ma mort ressembler à celle de ces justes ». Image de beauté et de force qui contraste singulièrement avec les témoignages de faiblesse dont étaient remplis les chapitres précédents, de l’époque des explorateurs et de Kora’h. Le peuple a retrouvé sa force intérieure.

LES FILLES DE MOAB. — Ainsi donc la tentative de Balak et de Balaam est resté infructueuse, car ils se sont heurtés à un roc : la pureté d’Israel et sa paix avec D. Il ne restait donc qu’un seul moyen pour arriver à leur but : jeter la discorde entre D. et son peuple en faisant commettre à Israèl des actes immoraux d’une gravité telle que D. se détournera d’eux. Et c’est aux filles deMoab que Balaam s’adresse, et ce sont les prêtresses de l’immonde Baal Peor qui viennent inviter les fils d’Israél à se joindre à leurs jeux, à leurs orgies, à leurs cultes. Inutile de souligner la gravité d’une telle tentation. Inutile aussi de souligner l’audace glorieuse et le courage sacré dont le petit-fils d’Aaron fait preuve quand il terrasse publiquement le prince de tribu, oublieux de son honneur, et de l’honneur de son D. Honteusement surpris par la main vengeresse du prêtre, il est tué avec l’ignoble fille, mais déjà le mal avait fait des ravages, l’exemple contagieux du chef de tribu avait coûté la vie à plus de vingt-quatre mille parmi les jeunes d’Israel. Mais Pinhas avait sauvé, en dernière minute, le prestige de sa nation, avait sauvegardé la paix avec D. et avait animé cet esprit indomptable qui caractérise les vrais croyants, en supprimant d’une main puissante le mal là où il sévissait. C’est la dernière fois que nous assistons à des représailles de masse. Désormais, le peuple a acquis l’homogénéité intérieure après avoir résisté à des épreuves de toute nature. Il pourra maintenant frapper victorieusement aux portes du pays et vaincre car il est devenu réellement fort.






HAFTARA BALAK
Michée V,6-14 - VI,1-8

Le choix de celle Haphlara a été dicté par le simple fait que le prophète Michée y rappelle ce que Balak avait projeté contre Israèl. La destruction de notre communauté a toujours constitué un projet séduisant pour ceux que gênaient nos qualités spirituelles. Il y eut différentes sortes d’individus: La ban, Pharaon, A malek, pour ne citer qu’eux qui avaient souhaité notre destruction physique. Balak, sur les conseils de Balaam, s’est rendu compte qu’Israèl pouvait aussi être atteint par ce qui lui était spécifique : su recherche de la pureté, de la sainteté et le développement de ses qualités morales. Malgré les persécutions de toute nature auxquelles Israêl dut faire face, il conserve l’espoir de se maintenir, ne fut-ce qu’en nombre limité, selon l’annonce faite par le prophète Michée: ((Les survivants de Jacob seront parmi les peuples comme la rosée que D... envoie, comme l’ondée sur l’herbe, qui ne comptent pas sur l’homme et n’attendent rien des fils d’Adam ». Dans su longue et douloureuse histoire, Israèl a pu faire l’expérience qu’il ne pouvait en définitive compter que sur la Providence, pour surmonter une situation difficile.
Chap. VI, v. 3: «O mon peuple! Que t’ai-je fait? Comment te
suis-je devenu à charge ? Expose (tes griefs) contre moi
Le sens de celle apostrophe est le suivant: Toutes les lois par lesquettes D... veut façonner la vie d’Isra~l sont destinées à son salut.

n ‘est .D... peut dire « mon peuple> quand Israel lui est fidèle. Ceci ai les lois de la Torah ne constituent pas seulement
les dogmes d’une religion, mais quand, véritable mode de vie, elles témoignent de la présence de D... dans la moindre des actions de ses serviteurs.
La mention des noms de MoYse, d’Aaron et de Myriam est significative: le premier a servi d’intermédiaire à la révélation du Sinai, il est donc le défenseur intransigeant de cette Torah. Le second, dont il est dit (Pirke Atrntfz) « qu’il aimait et poursuivait ta Paix “, est connu pour son esprit doux et pacifique, toujours prêt à pardonner. Myriam, enfin, a eu la délicate mission de communiquer son enthousiasme aux femmes pour qu’elles comprennent la noblesse de leur rôle d’éducatrices du peuple lu if.
Ces trois piliers du Judaisme symbolisent par conséquent ce qu’il a d’essentiel dans le maintien de notre Communauté religieuse:
rigueur dans les principes, pondération dans leur application, ce qui exclut toute forme d’excès, et le dernier mais non moindre, rôle essentiel de la femme juive dans sa responsabilité éducative.
v. 8: « Homme, on t’a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi: rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton D... I
Le ton est donné dans ce verset: par les différents moyens de pratiquer les mitzwoth — relation entre l’homme et son prochain, entre l’homme et D..., nous devons parvenir à notre véritable dignité d’êtres humains. Etre un homme, au sens noble du terme, tel est le but de toutes nos prescriptions religieuses. Le résultat est indiqué par l’expression « Tov », ce qui est bien. La concrétisation de ce «bien> est obtenue par le~ trois catégories suivantes: l’exercice de la justice, l’amour sans réserve pour nos semblables, et marcher humblement avec D... qui connatt nos desseins pour les apprécier à leur juste valeur. Tels• sont les traits caractéristiques de la personnalité du croyant juif: sincérité avec ses semblables et avec son Créateur, ce que, de l’extérieur, on appelle le mystère d’Isra~l.







 
PARACHAT BALAK
Rav Yehouda Léon Askénazi
Parachat Balaq Rav Yehouda Léon Askénazi Texte inédit, daté de 5733, communiqué par la Fondation Manitou Précédemment publiée par le Centre Yaïr-Manitou
La paracha que nous lirons cette semaine met en scène un personnage énigmatique auquel la Thora semble attacher une grande importance. Il s’agit de Bil’am, fils de Béor, « prophète des nations », connu en français sous le nom de Balaam. À peine sorti de la marche au désert qui mène le peuple hébreu vers sa terre, le pays de Canaan, Israël se heurte à une coalition des peuples qui entourent le pays de la promesse. Cette coalition, conduite par Moab et Midian, a pour chef Balaq ben Tsipor, roi des Moabites. Devant la certitude de l’impossibilité d’une victoire militaire contre Israël, Balaq décide d’une stratégie inattendue que la Thora nous raconte dans les termes propres à la mentalité de ce temps : il demande à Bil’am, connu comme « prophète des nations », de maudire Israël. Mais Bil’am, malgré sa ferme intention de maudire, ne peut que bénir.
Le lecteur contemporain de ce récit comprendra mal, à première vue, en quoi pouvait consister dans la pensée des ennemis d’Israël l’efficacité d’une telle stratégie. En quoi une formule de bénédiction ou de malédiction peut changer le cours des événements dont la réalité de l’histoire est faite. Il n’en est rien. Une lecture attentive du texte nous montre que la Thora a ses propres raisons pour attacher une telle importance à cet épisode et le transmettre à la postérité. Pour le comprendre, il faut d’abord rappeler ce que la Tradition juive de lecture de la Bible dit de Bil’am, personnage central de ce récit. Jusqu’au temps de la constitution d’Israël comme nation de l’universel, chaque lignée humaine, chaque peuple, chaque nation spécifique disposait pour elle-même de la capacité prophétique. Il y avait des prophètes et des oracles chez les nations, interprétant à leur manière le point de vue de D-ieu sur l’histoire de leur peuple et de sa destinée. Comme on le sait, à partir du temps de Moïse, cette fonction prophétique ne se maintiendra qu’en Israël et elle s’y développera à l’échelle de l’universel. Mais jusque là, tous les peuples — et en particulier les peuples rivaux d’Israël dont le récit biblique a raconté l’histoire —, étaient capables, à leur manière, de rattacher leur propre histoire au sens prophétique de l’histoire, dans l’équation spécifique de leur propre destinée. Bil’am, cependant, est désigné par notre texte à un tout autre niveau. Il n’est pas le prophète de telle ou telle nation dans sa rivalité à l’Israël de ce temps. Il apparaît comme le porte-parole de la coalition des nations qui se constitue chaque fois qu’Israël est en marche vers sa propre identité nationale. Et chaque fois, cette coalition des nations se constitue en hostilité à Israël. Il n’est pas inutile de rappeler que ce phénomène se retrouve dans l’histoire contemporaine d’Israël. Un des principaux dossiers que la Société des Nations, née de la Première guerre mondiale, a eu à étudier fut celui de l’établissement d’un « foyer national juif en Palestine », comme on disait alors. Et on ne peut pas nier que le dossier principal dont l’Organisation des Nations Unies, née de la Deuxième guerre mondiale, à s’occuper, soit celui qui concerne la fondation et les conditions d’existence de l’État d’Israël. On ne peut pas nier non plus, corollairement, l’apparition contemporaine de Bil’am. Il suffit, pour s’en rendre compte, de réaliser ce que représente la stratégie contemporaine de la propagande, capable d’inverser le mensonge en apparence de vérité, et de transformer la vérité en son contraire. Dans le vocabulaire de la Bible, « bénir » signifie « dire le bien de ». « Maudire » signifie « dire le mal de ». L’objectif de cette stratégie que Balaq demande à Bil’am consistait à dire en mal le bien de l’identité d’Israël, littéralement à « mau-dire », à projeter sur Israël une définition d’identité telle que le projet de son histoire en soit faussé. Et comment ne pas se rendre compte que l’Israël contemporain se trouve être l’objet de la même entreprise à l’échelle de la coalition pratiquement totale des nations qui, au nom de leurs intérêts propres et spécifiques, prêtent une oreille plus que complaisante aux Bil’am contemporains. Bil’am des temps bibliques a échoué dans son entreprise. Bien que voulant maudire, il ne peut que bénir. L’histoire future dira à quel point il en sera de même pour l’Israël contemporain.

La fondation Manitou a mis en vente plusieurs séminaires audio du Rav Yéhouda Léon Askénazi (Manitou) Zatsal sur CD. Voici les plus récents :

En français:
1. L’être père et l’être fils - Dialogue et compréhension (2 CD)
2. Unité D'Israël (1 CD)
3. Yom Haatsmaout (2 CD)
En Hébreu:
1. Bifnei Mi Ata Omed: Introduction à la prière (5 CD)

En Israël 054-6433120
En France 01.30.24.12.63
Par email: itai@manitou.org.il

Il est possible d'écouter des cours en audio dans la section "études" du site http://www.manitou.org.il, http://www.manitou.org.il/hebrew


 

 

BAMIDBAR / Parachat BALAQ

par Rav Arié LEVY 'Chalita'
Auteur du livre de commentaires
« LE CHANT DE LA VIE »

Maguid Chiôur au Collel francophone
DARKEI AHARON

 

N°197


ISRAEL, après quarante ans passés à l’école du désert, est apte à occuper la place que le plan divin lui réserve parmi les peuples. Nous pouvons dire qu’à ce moment-là, la force morale du peuple qui s’apprête à prendre possession de la Terre Promise atteint son maximum. Il est intéressant de noter l’impression profonde que la libération d’Israël et les hauts faits du passage de la mer rouge et de la traversée du désert ont suscité sur les peuples rencontrés en chemin vers la Terre promise, et aucune raison apparente ne justifie la peur qui s’empare de Balaq, roi de Moav. Moché avait reçu l’ordre de ne pas attaquer Moav (Dévarim 2.9) qui ne constituait pas une possession qui revenait à Israël, et si Si’hon et Ôg avaient été battus, c’est parce qu’ils venaient à la rencontre d’Israël armes en mains. C’est dans ce contexte que Balaq suggère de « maudire » ce peuple nombreux qui campe dans le désert proche de son pays, par celui qui est considéré comme « le prophète des Gentils », Bileâm.

A propos du verset « il ne se lèvera plus de prophète en Israël comme Moché (Dévarim 34.6)» la guémara fait la remarque suivante : « en Israël il ne s’en lèvera plus, mais il s’en leva parmi les nations du monde » Le degré de prophétie le plus élevé consiste à recevoir la parole divine en état d’éveil, ce qui n’a été le cas d’aucun autre prophète en Israël, pas même d’Eliyahou ni de Chémouel ; aucun être humain à part Moché Rabbénou n’aurait pu survivre à ce qu’on pourrait considérer comme un face à face avec D’. Lorsque l’on considère que les prophètes d’Israël étaient capables de ressusciter un mort ou de faire tomber la pluie, cela nous donne une infime idée de ce qu’était leur niveau de sainteté, pourtant, ils n’étaient inspirés de l’esprit prophétique que lorsqu’ils somnolaient ou qu’ils dormaient, précisément parce que le sommeil, qui équivaut à 1/60ème de la mort, leur permettait de supporter le contact de la parole divine.

 Tout être sensé peut s’écrier : comment se peut-il qu’un être aussi trempé dans l’impureté que l’était Bileâm (ainsi que nous l’apprenons de l’étude du texte) a pu atteindre un degré de prophétie égal à celui de Moché Rabbénou ? Et la Guémara donne l’explication suivante : « lorsque le Messie se dévoilera, très bientôt, les nations du monde verront tout le bien qu’Hachem va octroyer à Israël ; elles se plaindront alors de n’en avoir pas une part » , oubliant tout le mal qu’elles ont occasionné à notre peuple tout au long de son histoire, oubliant aussi tout le bien que ce même peuple a apporté aux pays de ses pérégrinations.

Lorsque l’heure de la délivrance d’Israël sonnera, quel argument ces peuples auront-ils l’insolence d’utiliser pour leur défense ? La Guémara répond : « si nous avions eu un prophète tel que Moché, qui nous aurait enseigné ce que les béné Israël ont appris dans le désert, nous aurions pu servir D’ et nous conduire comme le peuple juif » C’est pourquoi D’ permit qu’un Bileâm atteigne le niveau de prophétie de Moché, afin qu’ils ne puissent se servir de cet argument.

La Guémara Sanhédrin p.90 enseigne que quatre personnages n’ont pas droit au monde futur : Bileâm, Doèg, A’hitofèl et Gui’hazi. Bileâm reconnaissait D’, mais cela ne l’empêchait pas de s’adonner à un culte idolâtre. La Guémara (‘haguigua p.15) rapporte que Doèg et A’hitofèl avaient atteint des niveaux d’investigation du texte si élevés, qu’ils discutaient en profondeur trois cent lois sur l’impureté extrêmement complexes ; et malgré tant de Torah, ils n’ont pas droit au monde futur, parce que leur étude n’influait pas sur leur comportement, et qu’elle n’avait pour but que la satisfaction d’accumuler des connaissances.

Nos Sages comparent la Torah à l’eau, pour nous enseigner que tout comme l’eau fait flotter l’huile, ainsi la Torah épure les mauvais penchants (jamais l’eau ne pourra faire corps avec l’huile)

Mon Rav et Maître, le rav Mordékhaï ELIYAHOU a donné une autre version de cet enseignement : si nous observons ce qui nous entoure, nous arriverons à la conclusion que l’eau est l’élément fondamental de l’Univers ; même le bois dont sont faits nos meubles provient d’arbres qui n’auraient pu subsister sans eau, la préparation du béton pour la construction d’un immeuble nécessite de l’eau, la vie de l’homme est assurée par son sang, dont le plasma (55% du sang) est constitué de 90% d’eau. Si nous ne pensons pas forcément à tout cela, c’est parce que l’eau est soustraite à notre vue. De même, nous avons tendance à considérer tout ce qui se passe dans le monde sous un angle rationnel et purement matériel. Nous ignorons, ou nous refusons de voir qu’en réalité, le monde repose sur l’étude de la Torah, ainsi qu’il est écrit : « si mon alliance ne subsistait jour et nuit, les lois du ciel et de la terre n’existeraient point » Dans sa grande miséricorde, D’ a créé l’Univers de sorte que lorsqu’il fait nuit dans une partie du globe, il fait jour dans une autre partie, ainsi des juifs s’entretiennent de Torah sans interruption, assurant ainsi le maintien des forces vitales de la Nature. Si nous n’y prêtons pas attention, c’est parce que, comme l’eau, la Torah agit mais reste soustraite à notre vue, de sorte qu’il subsiste toujours le choix d’attribuer à chaque événement une cause rationnelle.