livre lévitique

paracha: chemini

RÉSUMÉ. Le huitième jour après l’inauguration du sanctuaire, Aaron et ses fils sont solennellement investis de leur nouvelle fonction de prêtres. Des sacrifices solennels accompagnent la cérémonie. Aaron bénit le peuple. Le feu jaillit du ciel et consume l’holocauste offert. Un incident tragique, provoqué par un manque de discipline envers les prescriplions qui régissent dorénavant le service divin, coûte la vie :ux deux fils d’Aaron, Nadab et Abihou. «Je serai sanctifié par reux qui me sont proches ». La Thora termine la partie réservée à2 institution du Temple par la défense du vin aux prêtres avant qu’ils ~tlrent dans le Tabernacle. Vient ensuite la loi sur les animaux :ermts ou défendus à la consommation. Les caractères spécifiques iies deux catégories pour les quadrupèdes, oiseaux, poissons, insectes ~ reptiles se trouvent énoncés par ces prescriptions.

 

 
 

La paracha CHÉMINI contient 6 commandements positifs et 11 interdictions.
149. Recherche des indices de pureté des quadrupèdes.
150. Recherche des indices de pureté des poissons.
151. Recherche des indices de pureté chez les sauterelles.
152. Impureté de huit espèces de reptiles
153. Impureté des aliments et des boissons.
154. Impureté de la nèvèla, cadavre d'un mammifère.
155. Interdiction aux Kohanim d'entrer dans le Temple avec des cheveux non taillés.
156. Interdiction aux Kohanim d'entrer au Temple avec des vêtements déchirés.
157. Interdiction au Kohène de quitter le Temple à l'heure du service.
158. Interdiction d'entrer au Sanctuaire en état d'ivresse.
159. Interdiction de consommer la chair des animaux impurs.
160. Interdiction de consommer les poissons impurs.
161. Interdiction de consommer la chair des oiseaux impurs.
162. Interdiction de consommer les reptiles du sol.
163. Interdiction de manger les petits insectes qui se développent dans les graines et les fruits.
164. Interdiction de consommer les insectes. etc.. qui vivent dans l'eau.
165. Interdiction de manger les vers qui se développent dans des substances organiques en décomposition.

 

COMMENTAIRE

 

LA MORT DES FILS D’AARON. Il est frappant que chaque î:is que le texte de la Thora relate une offrande agréée par Dieu, :n trouve aussi l’exemple d’une autre offrande rejetée. Ainsi en

COMMENTAIRE

 

LA MORT DES FILS D’AARON. Il est frappant que chaque î:is que le texte de la Thora relate une offrande agréée par Dieu, :n trouve aussi l’exemple d’une autre offrande rejetée. Ainsi en est-il pour le sacrifice d’Abel et de Caïn, ainsi en est-il aussi pour l’épisode de ces deux jeunes prêtres qui constraste violemment avec les passages précédents. Quelle était. leur faute ? Pourquoi cette sévère sanction ? Les commentaires sont nombreux qui nous en donnent les réponses. Résumons l’essentiel. «Les fils d’Aaron prirent chacun du feu, mirent de l’encens sur le feu et apportèrent ainsi un brasier étranger, qui ne leur avait pas été commandé». Les deux fils d’Aaron semblent avoir agi spontanément, par un geste qui devait, dans l’idée de ces jeunes exaltés, manifester leur joie, leur fierté de pouvoir approcher l’autel. C’est précisément cet emportement joyeux qui leur est fatal. Car rien ne doit servir de prétexte pour enfreindre l’ordre établi par la Loi. Ajouter, modifier, fût-ce même avec la pensée sincère d’agir pour le bien. ne peut être toléré même, ou plutôt surtout, pour un prêtre. Ce n’est pas à eux, ce n’est à personne de juger la meilleure manière de servir Dieu en délaissant ainsi le seul mode que la sagesse divine nous a imposé. Comprendre ce mode, y faire fondre tout notre élan, lui donner le maximum d’intensité et de vie, voilà la tâche qui nous est assignée. Le jugement divin sévit sur ces deux prêtres, car ils furent des proches de Dieu ; ils auraient dû être l’exemple même de la discipline et leur faute qui, commise par un homme quelconque, aurait été moins grave, pèse sur eux lour­dement, parce que ce sont des chefs qui s’en sont rendus coupables.

 

 

ANIMAUX PERMIS ET DÉFENDUS. GÉNÉRALITÉS

 

Les quadrupèdes sont classés d’après les deux marques signi­ficatives: ruminants et ayant le sabot fourchu. Tout animal pré­sentant ces deux qualités est permis. Tout autre est défendu. Poissons:

 

également deux caractéristiques ; écailles et nageoires. Oiseaux Un certain nombre d’oiseaux défendus sont énumérés, auxquels s’ajoutent d’une manière générale tous les rapaces. Reptiles: àquelques exceptions près (et dont nous ignorons l’identité exacte), tous sont défendus.

 

Voyons maintenant quelles peuvent être les raisons qui ont inspiré cette législation. Disons tout de suite qu’il est extrêmement difficile de savoir le fond de l’idée qui a présidé à leur établisse­ment. Nous ne pouvons émettre que des hypothèses.

 

Ruminer et avoir les sabots fourchus, voilà deux indices qui permettent de constituer le caractère spécifique des animaux per­mis. Deux actions sont essentielles pour la vie de chaque animal la recherche de la nourriture et la défense de la vie. Ces deux actions sont également indispensables dans notre vie d’hommes. Et cependant, l’idée juive peut difficilement tolérer que tout le sens de la vie soit épuisé quand ces deux conditions, manger et «défendre sa peau », sont réalisées. Nous devons manger et noue devons nous défendre, mais en subordonnant ces deux soucis

un but spirituel. C’est pourquoi la Thora élimine tous les animaux qui possèdent, d’une manière puissante, les organes réservés à ces t deux fonctions, les griffes de la bête féroce et l’estomac, assimilantsans distinction toute nourriture hâtivement engloutie. L’animal qui rumine est infiniment plus digne, nous dirons presque plus humain, car il mange à la manière dont nous mangeons. Il peut se défendre également, mais ses sabots fourchus ne lui servent qu’à la défense, ne seront jamais l’outil d’une attaque sournoise. Une leçon merveilleuse se dégage ainsi de cette loi qui, dans sa sim­plicité et sa grandeur, a contribué sans aucun doute à former le caractère spécifique d’Israel.

 L’exigence des écailles et des nageoires tend sans doute éga­lement à éliminer une grande partie des poissons qui se nourrissent de la chair d’autres poissons. Mais il y a aussi le symbole éloquent de ces deux qualités dont doit faire preuve chaque Juif appelé àvivre dans les flots de l’histoire (nous rappelons l’anecdote du Rabbi qui, dans une discussion avec un Romain compare Israel àces poissons qui ne peuvent vivre que dans un seul élément et qui doivent, de ce fait, renoncer aux vastes espaces ensoleillés et trom­peurs que la perfide invitation du renard leur offre). Ecailles et nageoires nous devons être munis de cette carapace inviolable, de ce véritable blindage qui nous permet de rester nous-mêmes. Mais il ne nous suffit pas de demeurer immobiles, statiques, dans un isolement sans issue ; il faut que nous puissions faire preuve de cette mobilité qui, seule, nous permet de résister à toutes les vicis­situdes, mais en restant nous-mêmes. Quel beau langage pour montrer ainsi le destin du peuple qui conserve jalousement sa per­sonnalité et qui, après tant de souffrances, tant d’écueils, parvient toujours à regagner le courant d’une rive.

 

 

 

 

Et il arriva, le huitième jour »

La période d’inauguration du Michkane dura sept jours, et le huitième jour, premier du mois de Nissan 2449, la Chékhina devait y résider. Le Kéli Yaqar explique pourquoi la manifestation de la présence divine ne pouvait pas se révéler le septième jour par exemple et quelle est la signification spécifique du chiffre 8 : il invoque le Midrach qui souligne l’expression « az yachir Moché » alors Moché chanta, ou « méaz bati lédabèr èl Parô » et je vins parler à Pharaon ; le mot az ayant la valeur numérique de 8 suggère qu’alors Moché avait dépassé le stade de la pensée rationnelle et qu’il avait atteint le degré le plus élevé de la consécration à D. et à la nation; de plus, le alèph de az (dont la valeur numérique est un) indique que Hachem qui est UN, est Maître de tout ce qui fut créé pendant les 7 jours de la Création (la lettre zaïne de az dont la valeur numérique est SEPT indique la fin d’une phase de caractère matériel). C’est pourquoi le veau qui vient de naître est impropre au sacrifice tant qu’il n’a pas atteint l’âge de 8 jours, et c’est aussi la raison pour laquelle le garçon qui vient de naître ne peut entrer dans l’Alliance que le 8ème jour. Les commentateurs expliquent que l’enfant doit terminer la phase matérielle de 7 jours pour accéder au 8ème jour, qui domine l’élément matériel (la nature). C’est également la raison pour laquelle le brit-mila peut s’effectuer même le Chabbat (lorsque c’est le 8ème jour après la naissance) sans que cela vienne transgresser les interdictions telles que trancher ou faire saigner.

 LE LIVRE DES COMMENTAIRES DE LA PARACHA DU RAV ARIE LEVY 'LE CHANT DE LA VIE' EST EN VENTE SUR LE SITE GUYSEN « Voici les animaux que vous pouvez consommer, parmi toutes les bêtes qui vivent sur la terre : tout ce qui a le pied corné et divisé en deux ongles, parmi les animaux ruminants » Le texte ne précise pas ici la liste des animaux permis à la consommation, et c’est au chapitre 14 de Dévarim que la Torah énumère dix sortes d’animaux comportant les deux indices de pureté, et le verset reprécise : « et tout animal qui a le sabot fendu en deux ongles et qui rumine, parmi les animaux, vous pourrez en manger. »

« Quant aux suivants, bien qu’ils ruminent ou qu’ils aient le pied corné, vous n’en mangerez point : le chameau, qui rumine mais n’a point le pied corné ; la gerboise, qui rumine mais n’a point le pied corné ; le lièvre, qui rumine mais n’a point le pied corné, ils seront impurs pour vous ; le porc, qui a bien le pied corné, qui a même le sabot fourchu, mais qui ne rumine point : il sera impur pour vous. » Seules donc trois espèces d’animaux ruminent et n’ont pas le sabot fendu, et une espèce seulement a le sabot fendu et ne rumine pas.

Autrement dit, deux signes de pureté sont requis : le pied corné divisé en deux ongles, et la rumination. Et la Torah nous révèle ici ce fait impressionnant que sur les millions d’espèces existantes, quatre animaux seulement ne possèdent pas simultanément ces deux caractéristiques. Ou bien, ils ruminent mais n’ont pas le sabot fendu, ou bien ils ont un sabot fendu mais ils ne ruminent pas. Chez tous les autres animaux du monde, ces deux caractéristiques vont de pair : ou les deux signes sont présents, ou ils sont tous deux absents.

La loi Orale, également révélée à Moché au Sinaï, a été transmise oralement de génération en génération, jusqu’aux Maîtres du Talmud qui l’ont transcrite. Le Traité Houline p.59, affirme que tout animal dont la mâchoire supérieure ne comporte pas de dents a forcément le sabot fendu et il rumine, et donc il est classé dans la catégorie d’animaux permis. Il affirme qu’il n’existe dans toute l’étendue du règne animal que les trois espèces citées plus haut qui sont ruminants et qui n’ont point le pied corné, et il n’existe que le porc qui a le sabot fourchu, mais qui ne rumine pas.

Concernant les animaux aquatiques, la Torah précise : « tout ce qui, dans les eaux, mers ou rivières, est pourvu de nageoires et d’écailles, vous pourrez les consommer » La loi orale, dans la Michna du Traité de Nidda 51, ajoute une précision supplémentaire : « les poissons qui ont des écailles ont aussi des nageoires ; mais certains ont des nageoires mais pas d’écailles ». Autrement dit on nous affirme que tout poisson qui possède des écailles possède nécessairement des nageoires. Et la guémara à juste titre remarque : il aurait été alors suffisant que la Torah indique l’indice des écailles. Sur ce fondement a été fixée la halakha (Choul’han Âroukh Yoré Déâ, ch.83.3) : s’il trouve dans une poissonnerie une portion de poisson dont l’origine est inconnue mais dont la peau est recouverte d’écailles, il peut en consommer ; selon le principe énoncé plus haut, nous pouvons affirmer que ce poisson comportait également des nageoires. Concernant le principe affirmant que certains ont des nageoires mais pas d’écailles : dans le cas où il trouve une portion comportant des nageoires mais pas d’écailles, il s’en abstiendra.

Les Tossefot dans le Traité ‘Houline p. 66, à la question : d’où les Maîtres du Talmud avaient-ils acquis une connaissance aussi étendue, au point d’affirmer ce que des hommes de science ne pourraient affirmer avec autant de certitude, car peut-être pourrait-on encore découvrir des espèces dont les caractéristiques viendraient contredire les affirmations consignées dans la loi orale enseignée à Moché au Sinaï ? ils répondent : c’est une certitude que nos Maîtres détenaient ce savoir en chaîne ininterrompue de maître à élève depuis Moché Rabbénou, auquel D’ a révélé la complémentarité qu’est la loi orale sans laquelle de nombreux passages de la Torah écrite ne pourraient être compris. C’est le cas de la remarque citée dans la guémara ci-dessus citée à propos des poissons, dont l’intention est de faire l’éloge à la grandeur de la Torah écrite d’une part, qui indique les deux indices de pureté alors qu’il eût suffi d’indiquer celui des écailles, et à celle de la Torah orale scrupuleusement transmise qui ajoute cette précision que les poissons qui ont des écailles ont nécessairement des nageoires mais que certains ont des nageoires mais pas d’écailles. Et cette remarque vient confirmer que la Torah orale est aussi issue des Cieux, car qui d’autre que le Créateur peut affirmer avec certitude que toutes les espèces qui habitent les eaux, qu’elles soient connues ou qu’elles restent encore à découvrir, toutes sans exception, répondent à cette loi.

Rabbi Âqiva interroge : Moché Rabbénou était-il chasseur ou archer pour connaître toutes ces caractéristiques aussi exactement ? Comment pouvait-il posséder une connaissance aussi universelle des espèces animales, et comment a-t-il pu oser consigner pour toute l’éternité des affirmations aussi péremptoires dans la Torah, sans crainte d’être confondu, si ce n’était qu’il écrivait sous la dictée de D’ ? Nos Sages considèrent la législation sur les animaux purs et impurs comme une preuve de la véracité de la Torah, révélée à Israël voici 3300 ans, à une époque où l’investigation scientifique était inconnue. A ce jour, où la recherche atteint son apogée, où de nouvelles terres ont été explorées et que tous ou presque tous les animaux et les bêtes sauvages existant sur terre ont été recensés, il n’a pas été découvert d’espèces nouvelles qui répondent à des caractéristiques autres que celles que la Torah désigne avec tant de précision, au point que même par l’intermédiaire d’un croisement, on ne peut obtenir une espèce nouvelle ne comportant qu’un seul indice de pureté !

Que Tes Œuvres sont grandes, Eternel ! Toutes, Tu les as faites avec sagesse ; la terre est remplie de Tes créations.


 

LE HUITIEME JOUR…


Mr Gérard Guedj
Comptable, Srasbourg

Vayéhi – Et ce fut – Le Midrach Rabah ( 21-7) indique qu’un texte commençant par Vayéhi annonce un événement tragique ou malheureux.

Ce jour est l’intronisation d’Aaron et de ses fils comme prêtres dans le tabernacle. Il est l’avènement d’un travail réalisé par l’ensemble du peuple d’Israël depuis sa sortie d’Egypte. Cette journée scelle notre lien avec le Créateur.

Durant les sept jours d’inauguration du tabernacle, Moshé a fait le service pendant qu’Aaron et ses fils observaient une garde à l’entrée de la tente d’assignation. Ils avaient l’interdiction de sortir et de quitter leur garde sous peine de mort. (Vayiqra 8 – v 33-36). Dans le verset 35 du chapitre 8 – Parachat Tsav – Moshé rapporte qu’Hachem a ordonné cette garde.

Au huitième jour, c’est au tour d’Aaron et de ses fils d’accomplir le service des sacrifices. La Ché’hina (Présence Divine) réside au sein des enfants d’Israël lors de l’agrément des sacrifices apportés. C’est alors que survient un évènement d’une violence extrême. Nadav et Avihou prennent leurs encensoirs et font fumer de l’encens qu’ils apportent devant Hachem ; service qui ne leur a pas été ordonné.

Un feu sort de devant l’Eternel qui les consume. Ils meurent devant Hachem.

Un jour de joie, pour tout un peuple et pour Aaron consacré grand prêtre, devient un jour de deuil. Un père voit mourir ses enfants.

Comment est-il possible que dans un tel moment, Nadav et Avihou puissent être punis de mort sans aucune autre forme de procès ?

Le Qéli Yakar rapporte plusieurs raisons à cette sanction qui surprennent par leurs natures. Comment imaginer que des prêtres, en pleine réalisation de leur service, entrent saouls dans le tabernacle ou sans s’être lavé les mains et les pieds ou encore, sans avoir les vêtements appropriés. Comment imaginer qu’ils étaient de tempérament à refuser d’avoir des enfants ou de se marier. Comment imaginer qu’ils pouvaient enseigner une loi (l’apport de l’encens) en présence de Moshé leur maître ou, lors de la procession dire : "  Quand mourront ces deux vieux (Moshé et Aaron) et, nous prendrons la charge du peuple ".

Le point commun à ces avis peut être trouvé dans le premier midrash Tanh’ouma de notre paracha.

" Lorsqu’une personne s’occupe d’une mitsva, le mal ne peut l’atteindre "

(Ecclésiaste chap. 8 v.5). Ce début de verset parle d’Aaron car il ne devait pas quitter l’entrée de la tente d’assignation durant sept jours. Le midrash vient expliquer ces sept jours à partir de la paracha Noah’ (chap. 7 – v.4). Hachem demande à Noah’ de prendre les couples d’animaux, d’entrer dans l’arche et, d’attendre sept jours avant que le déluge ne commence à s’abattre sur le monde. Le midrash raba (Chap.32 michna 7) rapporte que cette attente fut des jours de deuil pour Métouchalah’ le juste qui venait de mourir ou, pour la destruction du monde. De même qu’Hachem fit une garde de sept jours avant de détruire le monde, Aaron et ses fils ont dû faire également une garde. La semaine dont on nous parle dans la paracha Noah’ est étonnante dans la mesure où elle a lieu avant l’événement. Si le midrash Tanh’ouma rapproche cette semaine là de la semaine qu’Aaron et ses fils ont observée c’est, à priori, pour aller au-delà de l’acceptation d’un événement (destruction du monde). Elle sert de prise de conscience à l’importance du moment à venir. Pendant cette garde, ils ont étudié l’ensemble des règles relatives aux sacrifices et à leurs fonctions. Cependant, ils auraient dû également s’interroger sur la raison de cette garde.

Ce même verset continue : " le cœur du sage sait que l’heure viendra ainsi que la justice ". Cette fin de verset parle de Moshé qui, lui seul, connaissait les implications de cette mitsva. Il n’expliqua ni la véritable raison ni l’enjeu.

Nadav et Avihou sont décrit dans le Qéli yakar de manière caricaturale afin de grossir exagérément la faiblesse qui les touchait. Ils auraient dû/pu apprendre par ces sept jours qu’une attitude de crainte et de retenue doit être observée durant l’accomplissement des mitsvot. Mais, comme le souligne le verset 3 du chapitre10 de la paracha Chémini, Moshé rapporte à Aaron les paroles d’Hachem : " Bikrovaï éqadech… " par mes proches Je serai sanctifié (Cf. Rachi). De ce verset, nous apprenons qu’ils étaient de grands hommes qui ont mis leurs actes sur le plan de la justice divine. Lors de l’accomplissement d’un acte, (que ce soit un acte de mitsva ou non) si celui-ci est fait avec toute la compréhension et le sérieux qu’il requiert, la plus petite erreur d’accomplissement ou le moindre égarement est sanctionné. Nadav et Avihou, transportés par cette mitsvah n’ont pas mis suffisamment de distance et de retenue dans leur service.

Ils ont apporté un feu étranger devant Hachem.


© Centre d'Etudes Juives Ohel Torah

  • le feu divin

  • "Les fils d'Aaron, Nadav et Avihou, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu, sur lequel ils jeterent de l'ensens, et apporterent devant le Seigneur un feu profane qu'Il ne leur avait pas commande. Et un feu s'elanca devant le Seigneur et les devora, et ils moururent devant le Seigneur." (Lev.10:1) Notre Parasha a deux sujets marquants le premier, c'est ce feu divin qui devore Nadav et Avihou, et le second c'est toutes les lois relatives a la cachroute, pourquoi D-ieu a t'Il choisi de mettre ces deux sujets qui de premier abord n'ont rien de commun dans une seule et meme parasha?

     

    LE PARDES

     

    Nadav et Avihou n'etaient pas des novices, ils avaient recu l'avertissement solaennel de "ne pas se precipiter vers l'Eternel pour voir" c'est a dire chercher a percer le mystere de la divinite. Cet avertissement prevoyait la peine de mort en cas d'infraction; de plus ceci avait ete specialement repete a l'intention "des "Cohanim" (Pretres) qui s'approchent de l'Eternel" (Ex.19:22). Et malgre ces avertissements ils s'approcherent de trop de l"Eternel et ceci causa leur mort.

    Le Midrach Rabba nous dit qu'ils allerent jusqu'a s'enhardir a penetrer dans le Saint des Saints, (entree autorise qu'une fois dans l'annee par le "Kohen Gadol" seul) ils s'y rendirent pour avoir une vision plus claire de la "Chekhina" (presence divine).
    En fait il est peu probable qu'ils aient commis un tel sacrilege, ce que le Midrach veut nous suggerer c'est que: Nadav et Avihou furent, avec Adam et Noe, au nombre des personnages bibliques qui "penetrerent dans le "Pardes" (jardin); "PaRDeS" c'est les "RacheTevot" (acrostiche) de "Pshat" (Simple) "Remez" (Allusif) "Drash" (Hermeneutique) "Sod" ( Mystique).
    A l'instar de Noe, ils avaient ete "ivres" de connaissance de D-ieu. Ils ont goute au vin sacre c'est a dire au "Sod" (secret). ("Yain" vin et "Sod" ont la meme valeur numerique de 70.)

    Ils n'ont certainement pas par inadvertance apporte ce feu profane provenant d'un poele (ordinaire) au lieu du feu sacre de l'autel .
    Qu'est-ce qui a pousse Nadad et Abihou a penetrer dans le "Pardes"? Que cherchaient-ils a accomplir?

     

    LA DUALITE A L'ORIGINE DU MAL

     

    Avant la creation du monde D-ieu seul existait, l'unite totale regnait. Tous les aspects potentiels de la creation etaient completement integres a D-ieu. Au moment ou D-ieu transforma la virtualite du monde a sa realite, la dualite prit racine et engendra ainsi la creation de concepts tels que la purete et le libre arbitre, avant on ne pouvait meme pas parler du concept de purete, car par definition, la purete ne peut exister que lorsqu'il y a aussi impurete.
    Le role que devait jouer cette purete etait de servir de pont entre l'unite de D-ieu, Sa saintete, de laquelle la purete est proche.

    Bien qu'au moment de la creation le mal n'ait pas existe, la simple existence de la purete et du libre arbitre impliquait la possibilite d'une chute eventuelle de la saintete dans le domaine du mal et de l'impur.
    Le mal et l'impurete proviennent donc de la separation de l'unicite.

    L'impurete et le mal sont tous des resultats de "l'apres creation". Auparavant D-ieu et l'univers qu'Il etait sur le point de creer, etaient pour ainsi dire unifies.
    Apres la creation, le Un et Sa creation apparaissent comme separes, comme deux entites distinctes.
    C'est cette illusion de la separation de l'unite, "l'apres creation" qui donna naissance au mensonge, a l'impurete et a la dualite tels que nous le voyons dans notre monde.

     

    REALITE ILLUSOIRE

     

    L'inauguration du Sanctuaire et la manifestation de la presence divine au milieu du peuple devaient retablir l'etat initial qui avait regne au Paradis, a l'epoque de la creation ou la "Chekhina" residait parmi les creatures.
    C'est la raison pour laquelle Nadav et Avihou choisirent ce moment precis pour apporter un feu profane et essayerent de l'unifier avec le feu sacre, afin par la meme de reunifier l'univers et ainsi passer directement a la derniere etape celle dont nous parle le prophete Zacharie: l'Eternel "fera disparaitre l'esprit d'impurete sur la terre" (Zac.13:2).

    Ainsi, meme apres la creation, apres que D-ieu ait cree la realite physique, il est encore possible de tout faire retourner au niveau anterieur d'unite, celui de "l'avant-creation" ou tout etait uni avec D-ieu, ou tout etait Un

    En realite grace a la providence divine, la creation meme apres etre passee du potentiel a l'actuel reste unie a son Createur.
    La separation de la creation en deux categories "avant" et "apres" n'est qu'une illusion necessaire. La verite profonde est que tout reste attache a sa Source, qu'il n'existe pas de realite en dehors de D-ieu.

     

    LA NECESSITE DU LIBRE ARBITRE

     

    Le libre arbitre: l'aptitude a savoir choisir entre le pur et l'impur, le bien et le mal est une partie essentielle de la creation. Nos sages sont alles jusqu'a dire que tous les univers que D-ieu a faconnes, avaient pour seul but de donner le libre arbitre a l'homme dans le contexte des realites de ce monde.

    Au moment ou D-ieu crea l'univers, la dualite s'y enracina. C'est cette dualite, l'unicite de D-ieu d'une part et l'existence d'une creation physique de l'autre, qui a engendre le libre arbitre. Cette dualite etait necessaire a D-ieu pour ainsi dire, afin de vehiculer Sa bonte dans l'univers.

    En fait la raison d'etre de toute la creation etait de servir l'homme dans sa recherche de la perfection, qui l'amenera en fin de compte a s'integrer dans l'unite de D-ieu.
    L'homme quant a lui, doit atteindre son but dans ce monde, ce but c'est de connaitre le Createur en appreciant Sa bonte, en s'efforcant de son mieux de ramener "l'apres creation" a ce niveau d'integration avec D-ieu qu'elle avait avant la creation.
    Cet "arrangement" doit durer jusqu'au monde futur. En ce temps-la, D-ieu ramenera toute la creation a sa source, et chaque homme recevra son lot de bonte en fonction de son attachement aux commandements durant sa vie, ceci par le biais de son libre arbitre.

     

    UN "TIKOUN" A LA SOURCE

     

    Par l'intermediaire des commandements tels que ceux des regles de cachrout, le juif s'efforce de ramener toute la creation a sa Source ... en l'elevant et en la ramenant a son envoye, non seulement il unit la creation au Createur, mais en accomplissant cette tache, il se trouve lui-meme integre dans l'unicite de Celui qui l'a charge de cette mission.

    Nadav et Avihou cherchaient a percer le secret de la creation, en voulant associer le feu profane au feu sacre, ils voulaient amener la perfection dans l'univers.
    Ils esperaient faire revenir la creation entiere au niveau de l'unicite qu'elle avait a l'origine, avant "l'alliance de feu". Cette alliance qui engendra notre monde.
    En effet au coeur du mot "Ber-Esh-It" (premier mot de la Thora) il y a le mot "Ech" (feu), le reste des lettres composent le mot "Berit" (Alliance).

    Ils cherchaient a faire le "Tikoun" (la reparation) la precisement ou commencait l'illusion de la dualite du pur et de l'impur, a la source de la creation, dans le paradoxe que D-ieu avait cree, pour donner a l'homme la possibilite d'exercer son libre arbitre.
    Plutot que de ramener "l'apres creation" au stade du "debut de la creation" et d'attendre ensuite que D-ieu Lui-meme reunisse tout a "l'avant creation", ils desirerent le "Tikoun" immediatement, sans delai.
     

    UN TROP BRULANT AMOUR

     

    Ils regarderent et moururent. Leurs ames se sont attachees aux niveaux les plus sublimes. Quand ils contemplerent la lumiere radieuse, leur ame se detacherent de tout contact physique "goutant le charme du repos" Elles n'exprimerent plus aucun desir de redescendre dans ce monde et de revenir dans leur corps; ils perdirent tout interet et tout desir, de retourner a la dualite et a l'illusion de ce monde. Ils ne voulaient plus que leur libre arbitre choisisse entre le bien et le mal, le pur et l'impur.

    En regardant ils allerent au-dela de leur limites et desirerent ce qui etait hors d'atteinte.
    Le desir passionne et l'aspiration qu'ils eprouverent pour D-ieu, les poussa trop loin. Le rejet total de l'illusion, le refus d'avoir recours a l'exercice du libre arbitre, les integrerent totalement dans l'unicite de D-ieu. Et meme si on peut l'envier, cette action d'union avec le Createur etait prematuree, la creation dont ils avaient l'intention de faire le "Tikoun" ne s'en trouva pas pour autant amelioree.
    Ce fut la leur erreur. D-ieu desire assurement que l'univers atteigne son stade de perfection et s'unisse a Lui. Il desire que l'homme s'attache a Lui de toutes les fibres de son etre, mais pas au prix de l'existence du monde, ou meme de l'enveloppe corporelle de l'etre humain vivant dans un monde materiel.

     

    MANGER CACHER REUNIFIE LA CREATION A SON CREATEUR

     

    L'homme doit continuer a faire partie de cette realite physique, il doit atteindre son but dans ce monde, l'esprit doit continuer a vivre avec la matiere. L'aspiration ardente de l'union totale avec D-ieu ne doit pas refouler la dualite, jusqu'au jour ou D-ieu Lui-meme rappelera les ames a leur Source.

    La voie que nous enseigne la Thora par les regles de cacheroute qui suivent cet episode c'est qu'en utilisant son libre arbitre dans les choix face a ses besoins quotidiens tel que celui de se nourrir, l'homme peut devenir un associe actif de D-ieu pour ramener l'univers a son degre de perfection.
    L'homme a la liberte de chercher la verite et de voir au-dela de l'illusion, ou de fermer les yeux devant sa mission oubliant par la la raison pour laquelle il a ete cree.
    Ce n'est pas seulement l'oeuvre des "Tsadikim" (Justes). Chacun de nous, selon son niveau spirituel, a la possibilite d'utiliser son libre arbitre pour elever tout ce qui se trouve autour de lui ainsi que soi-meme. En appliquant avec foi les ordonnances divines nous sommes en mesure d'ameliorer le monde en nous eloignant de l'impurete.

     

    Base sur: La voix de la Thora de Elie Munk.
    "Mayim" d'un enseignement de Rabbi Na'hman de Breslev.
     
    Manger cacher- manger Juif
    Rav Dynovits
    Notre Paracha Shemini fait allusion au chiffre 8 (Shemini) qui incarne une réalité au dessus de la nature. La nature, en effet, est représentée par le chiffre 7 - les sept jours de la semaine.
    C’est dans cette Paracha que nous recevons les Lois sur les animaux cacher : les deux signes de pureté, l’un extérieur (les sabots fendus) et l’autre intérieur (ruminant). Le lien entre la nourriture cacher et le chiffre 8 est révélateur : la nourriture cacher confère au Juif une autre nature que celle de l’homme, en général. Autre nature, signifie que celui qui mange cacher pense, ressent et agit différemment des autres. Puisque l’homme est essentiellement ce qu’il mange, il est évident que la Torah, en donnant au Juif une nourriture particulière, entend faire de lui un être différent. A l’inverse, un Juif qui ne mange pas cacher, perd ce qui fait la différence essentielle entre lui et les autres. Même si un Juif reste toujours Juif, sa nature particulière reste cachée à l’intérieur de lui, sans se dévoiler, tant qu’il ne mange pas cacher. Il est donc évident qu’il lui sera impossible de penser et de ressentir comme un Juif véritable. Cette notion est vraie même sur le plan matériel. Nous savons, en effet, que les différences entre les Peuples sont souvent liées à un type d’alimentation différent. Cependant, dans tous les cas il s’agit de nourriture matérielle conférant à ceux qui la mange une nature liée au chiffre 7. La cacherout est, à la différence, une nourriture spirituelle qui agit directement sur le cerveau et le cœur du Juif. Pour atteindre le niveau du chiffre 8, la Torah nous a donné la nourriture cacher. Le chiffre 8 confère alors au Juif une sur-nature lui permettant de traverser l’histoire sans disparaître comme tous ceux qui sont soumis aux lois implacables de la nature. Tout dans ce monde dirigé par les Lois de la nature naît et meurt. Tous les peuples et toutes les civilisations disparaissent un jour parce que leur nourriture ne peut les soustraire à la nature. Israël, lui, traverse l’histoire et ne disparaîtra jamais. Le secret de son éternité est lié entre autre à la nourriture cacher. Si cela concerne essentiellement le Peuple Juif dans son ensemble, chaque Juif en particulier tire lui aussi un bénéfice énorme lorsqu’il mange cacher. Premièrement, il participe consciemment à l’histoire de son Peuple et n’est plus qu’une simple victime d’une histoire qu’il ne comprend pas et dont il voudrait parfois s’échapper. Mieux vaut être Juif parce que l’on en comprend le sens, plutôt que de l’être parce que les autres nous le rappellent. De plus, en dévoilant dans son être la nature et la sensibilité d’Israël, il parvient à découvrir l’immense Sagesse cachée dans la Torah et réussit, grâce à elle, à faire de sa vie un chemin de bonheur véritable et authentique. La nourriture cacher est le bouclier d’Israël contre tous les dangers matériels et spirituels qui se dressent contre lui dans ce monde.