COMMENTAIRE
LA MORT DES FILS D’AARON.
— Il est
frappant que chaque î:is que le texte de la Thora relate une offrande agréée
par Dieu, :n trouve aussi l’exemple d’une autre offrande rejetée. Ainsi en
COMMENTAIRE
LA MORT DES FILS D’AARON.
— Il est
frappant que chaque î:is que le texte de la Thora relate une offrande agréée
par Dieu, :n trouve aussi l’exemple d’une autre offrande rejetée. Ainsi en
est-il pour le sacrifice d’Abel et de Caïn, ainsi en est-il aussi pour
l’épisode de ces deux jeunes prêtres qui constraste violemment avec les
passages précédents. Quelle était. leur faute ? Pourquoi cette sévère
sanction ? Les commentaires sont nombreux qui nous en donnent les réponses.
Résumons l’essentiel. «Les fils d’Aaron prirent chacun du feu, mirent de
l’encens sur le feu et apportèrent ainsi un brasier étranger, qui ne leur
avait pas été commandé». Les deux fils d’Aaron semblent avoir agi
spontanément, par un geste qui devait, dans l’idée de ces jeunes exaltés,
manifester leur joie, leur fierté de pouvoir approcher l’autel. C’est
précisément cet emportement joyeux qui leur est fatal. Car rien ne doit
servir de prétexte pour enfreindre l’ordre établi par la Loi. Ajouter,
modifier, fût-ce même avec la pensée sincère d’agir pour le bien. ne peut
être toléré même, ou plutôt surtout, pour un prêtre. Ce n’est pas à eux, ce
n’est à personne de juger la meilleure manière de servir Dieu en délaissant
ainsi le seul mode que la sagesse divine nous a imposé. Comprendre ce mode,
y faire fondre tout notre élan, lui donner le maximum d’intensité et de vie,
voilà la tâche qui nous est assignée. Le jugement divin sévit sur ces deux
prêtres, car ils furent des proches de Dieu ; ils auraient dû
être l’exemple même de la
discipline et leur faute qui, commise par un homme quelconque, aurait été
moins grave, pèse sur eux lourdement, parce que ce sont des chefs qui s’en
sont rendus coupables.
ANIMAUX PERMIS ET DÉFENDUS.
—
GÉNÉRALITÉS
Les quadrupèdes sont classés d’après les deux
marques significatives: ruminants et ayant le sabot fourchu. Tout animal
présentant ces deux qualités est permis. Tout autre est défendu. Poissons:
également deux caractéristiques ; écailles et
nageoires. Oiseaux Un certain nombre d’oiseaux défendus sont énumérés,
auxquels s’ajoutent d’une manière générale tous les rapaces. Reptiles:
àquelques exceptions près (et dont nous ignorons l’identité exacte), tous
sont défendus.
Voyons maintenant quelles peuvent être les
raisons qui ont inspiré cette législation. Disons tout de suite qu’il est
extrêmement difficile de savoir le fond de l’idée qui a présidé à leur
établissement. Nous ne pouvons émettre que des hypothèses.
Ruminer et avoir les sabots fourchus, voilà
deux indices qui permettent de constituer le
caractère spécifique des animaux permis. Deux actions sont essentielles
pour la vie de chaque animal la recherche de la nourriture et la défense de
la vie. Ces deux actions sont également indispensables dans notre vie
d’hommes. Et cependant, l’idée juive peut difficilement tolérer que tout le
sens de la vie soit épuisé quand ces deux conditions, manger et «défendre sa
peau »,
sont réalisées. Nous devons manger et noue
devons nous défendre, mais en subordonnant ces deux soucis
un but spirituel. C’est pourquoi la Thora
élimine tous les animaux qui possèdent, d’une manière puissante, les organes
réservés à ces t deux fonctions, les griffes de la bête féroce et l’estomac,
assimilantsans distinction toute nourriture hâtivement engloutie. L’animal
qui rumine est infiniment plus digne, nous dirons presque plus humain, car
il mange à la manière dont nous mangeons. Il peut se défendre également,
mais ses sabots fourchus ne lui servent qu’à la
défense,
ne seront jamais l’outil d’une attaque
sournoise. Une leçon merveilleuse se dégage ainsi de cette loi qui, dans sa
simplicité et sa grandeur, a contribué sans aucun doute à former le
caractère spécifique d’Israel.
L’exigence des écailles
et des nageoires tend sans doute
également à éliminer une grande partie des poissons qui se nourrissent de
la chair d’autres poissons. Mais il y a aussi le symbole éloquent de ces
deux qualités dont doit faire preuve chaque Juif appelé àvivre dans les
flots de l’histoire (nous rappelons l’anecdote du Rabbi qui, dans une
discussion avec un Romain compare Israel àces poissons qui ne peuvent vivre
que dans un seul élément et qui doivent, de ce fait, renoncer aux vastes
espaces ensoleillés et trompeurs que la perfide invitation du renard leur
offre). Ecailles et nageoires nous devons être munis de cette carapace
inviolable, de ce véritable blindage qui nous permet de rester nous-mêmes.
Mais il ne nous suffit pas de demeurer immobiles, statiques, dans un
isolement sans issue ; il faut que nous puissions faire preuve de cette
mobilité qui, seule, nous permet de résister à toutes les vicissitudes,
mais en restant nous-mêmes. Quel beau langage pour montrer ainsi le destin
du peuple qui conserve jalousement sa personnalité et qui, après tant de
souffrances, tant d’écueils, parvient toujours à regagner le courant d’une
rive.
Et il arriva, le huitième jour »
La période d’inauguration du Michkane dura sept jours, et le huitième jour,
premier du mois de Nissan 2449, la Chékhina devait y résider. Le Kéli Yaqar
explique pourquoi la manifestation de la présence divine ne pouvait pas se
révéler le septième jour par exemple et quelle est la signification
spécifique du chiffre 8 : il invoque le Midrach qui souligne l’expression «
az yachir Moché » alors Moché chanta, ou « méaz bati lédabèr èl Parô » et je
vins parler à Pharaon ; le mot az ayant la valeur numérique de 8 suggère
qu’alors Moché avait dépassé le stade de la pensée rationnelle et qu’il
avait atteint le degré le plus élevé de la consécration à D. et à la nation;
de plus, le alèph de az (dont la valeur numérique est un) indique que Hachem
qui est UN, est Maître de tout ce qui fut créé pendant les 7 jours de la
Création (la lettre zaïne de az dont la valeur numérique est SEPT indique la
fin d’une phase de caractère matériel). C’est pourquoi le veau qui vient de
naître est impropre au sacrifice tant qu’il n’a pas atteint l’âge de 8
jours, et c’est aussi la raison pour laquelle le garçon qui vient de naître
ne peut entrer dans l’Alliance que le 8ème jour. Les commentateurs
expliquent que l’enfant doit terminer la phase matérielle de 7 jours pour
accéder au 8ème jour, qui domine l’élément matériel (la nature). C’est
également la raison pour laquelle le brit-mila peut s’effectuer même le
Chabbat (lorsque c’est le 8ème jour après la naissance) sans que cela vienne
transgresser les interdictions telles que trancher ou faire saigner.
« Voici les animaux que vous pouvez consommer, parmi toutes les bêtes qui
vivent sur la terre : tout ce qui a le pied corné et divisé en deux ongles,
parmi les animaux ruminants » Le texte ne précise pas ici la liste des
animaux permis à la consommation, et c’est au chapitre 14 de Dévarim que la
Torah énumère dix sortes d’animaux comportant les deux indices de pureté, et
le verset reprécise : « et tout animal qui a le sabot fendu en deux ongles
et qui rumine, parmi les animaux, vous pourrez en manger. »
« Quant aux suivants, bien qu’ils ruminent ou qu’ils aient le pied corné,
vous n’en mangerez point : le chameau, qui rumine mais n’a point le pied
corné ; la gerboise, qui rumine mais n’a point le pied corné ; le lièvre,
qui rumine mais n’a point le pied corné, ils seront impurs pour vous ; le
porc, qui a bien le pied corné, qui a même le sabot fourchu, mais qui ne
rumine point : il sera impur pour vous. » Seules donc trois espèces
d’animaux ruminent et n’ont pas le sabot fendu, et une espèce seulement a le
sabot fendu et ne rumine pas.
Autrement dit, deux signes de pureté sont requis : le pied corné divisé en
deux ongles, et la rumination. Et la Torah nous révèle ici ce fait
impressionnant que sur les millions d’espèces existantes, quatre animaux
seulement ne possèdent pas simultanément ces deux caractéristiques. Ou bien,
ils ruminent mais n’ont pas le sabot fendu, ou bien ils ont un sabot fendu
mais ils ne ruminent pas. Chez tous les autres animaux du monde, ces deux
caractéristiques vont de pair : ou les deux signes sont présents, ou ils
sont tous deux absents.
La loi Orale, également révélée à Moché au Sinaï, a été transmise oralement
de génération en génération, jusqu’aux Maîtres du Talmud qui l’ont
transcrite. Le Traité Houline p.59, affirme que tout animal dont la mâchoire
supérieure ne comporte pas de dents a forcément le sabot fendu et il rumine,
et donc il est classé dans la catégorie d’animaux permis. Il affirme qu’il
n’existe dans toute l’étendue du règne animal que les trois espèces citées
plus haut qui sont ruminants et qui n’ont point le pied corné, et il
n’existe que le porc qui a le sabot fourchu, mais qui ne rumine pas.
Concernant les animaux aquatiques, la Torah précise : « tout ce qui, dans
les eaux, mers ou rivières, est pourvu de nageoires et d’écailles, vous
pourrez les consommer » La loi orale, dans la Michna du Traité de Nidda 51,
ajoute une précision supplémentaire : « les poissons qui ont des écailles
ont aussi des nageoires ; mais certains ont des nageoires mais pas
d’écailles ». Autrement dit on nous affirme que tout poisson qui possède des
écailles possède nécessairement des nageoires. Et la guémara à juste titre
remarque : il aurait été alors suffisant que la Torah indique l’indice des
écailles. Sur ce fondement a été fixée la halakha (Choul’han Âroukh Yoré Déâ,
ch.83.3) : s’il trouve dans une poissonnerie une portion de poisson dont
l’origine est inconnue mais dont la peau est recouverte d’écailles, il peut
en consommer ; selon le principe énoncé plus haut, nous pouvons affirmer que
ce poisson comportait également des nageoires. Concernant le principe
affirmant que certains ont des nageoires mais pas d’écailles : dans le cas
où il trouve une portion comportant des nageoires mais pas d’écailles, il
s’en abstiendra.
Les Tossefot dans le Traité ‘Houline p. 66, à la question : d’où les Maîtres
du Talmud avaient-ils acquis une connaissance aussi étendue, au point
d’affirmer ce que des hommes de science ne pourraient affirmer avec autant
de certitude, car peut-être pourrait-on encore découvrir des espèces dont
les caractéristiques viendraient contredire les affirmations consignées dans
la loi orale enseignée à Moché au Sinaï ? ils répondent : c’est une
certitude que nos Maîtres détenaient ce savoir en chaîne ininterrompue de
maître à élève depuis Moché Rabbénou, auquel D’ a révélé la complémentarité
qu’est la loi orale sans laquelle de nombreux passages de la Torah écrite ne
pourraient être compris. C’est le cas de la remarque citée dans la guémara
ci-dessus citée à propos des poissons, dont l’intention est de faire l’éloge
à la grandeur de la Torah écrite d’une part, qui indique les deux indices de
pureté alors qu’il eût suffi d’indiquer celui des écailles, et à celle de la
Torah orale scrupuleusement transmise qui ajoute cette précision que les
poissons qui ont des écailles ont nécessairement des nageoires mais que
certains ont des nageoires mais pas d’écailles. Et cette remarque vient
confirmer que la Torah orale est aussi issue des Cieux, car qui d’autre que
le Créateur peut affirmer avec certitude que toutes les espèces qui habitent
les eaux, qu’elles soient connues ou qu’elles restent encore à découvrir,
toutes sans exception, répondent à cette loi.
Rabbi Âqiva interroge : Moché Rabbénou était-il chasseur ou archer pour
connaître toutes ces caractéristiques aussi exactement ? Comment pouvait-il
posséder une connaissance aussi universelle des espèces animales, et comment
a-t-il pu oser consigner pour toute l’éternité des affirmations aussi
péremptoires dans la Torah, sans crainte d’être confondu, si ce n’était
qu’il écrivait sous la dictée de D’ ? Nos Sages considèrent la législation
sur les animaux purs et impurs comme une preuve de la véracité de la Torah,
révélée à Israël voici 3300 ans, à une époque où l’investigation
scientifique était inconnue. A ce jour, où la recherche atteint son apogée,
où de nouvelles terres ont été explorées et que tous ou presque tous les
animaux et les bêtes sauvages existant sur terre ont été recensés, il n’a
pas été découvert d’espèces nouvelles qui répondent à des caractéristiques
autres que celles que la Torah désigne avec tant de précision, au point que
même par l’intermédiaire d’un croisement, on ne peut obtenir une espèce
nouvelle ne comportant qu’un seul indice de pureté !
Que Tes Œuvres sont grandes, Eternel ! Toutes, Tu les as faites avec sagesse
; la terre est remplie de Tes créations.
LE HUITIEME JOUR…
Mr Gérard Guedj
Comptable, Srasbourg
Vayéhi – Et ce fut – Le Midrach Rabah ( 21-7) indique qu’un texte
commençant par Vayéhi annonce un événement tragique ou malheureux.
Ce jour est l’intronisation d’Aaron et de ses fils comme prêtres dans le
tabernacle. Il est l’avènement d’un travail réalisé par l’ensemble du peuple
d’Israël depuis sa sortie d’Egypte. Cette journée scelle notre lien avec le
Créateur.
Durant les sept jours d’inauguration du tabernacle, Moshé a fait le
service pendant qu’Aaron et ses fils observaient une garde à l’entrée de la
tente d’assignation. Ils avaient l’interdiction de sortir et de quitter leur
garde sous peine de mort. (Vayiqra 8 – v 33-36). Dans le verset 35 du
chapitre 8 – Parachat Tsav – Moshé rapporte qu’Hachem a ordonné cette garde.
Au huitième jour, c’est au tour d’Aaron et de ses fils d’accomplir le
service des sacrifices. La Ché’hina (Présence Divine) réside au sein des
enfants d’Israël lors de l’agrément des sacrifices apportés. C’est alors que
survient un évènement d’une violence extrême. Nadav et Avihou prennent leurs
encensoirs et font fumer de l’encens qu’ils apportent devant Hachem ;
service qui ne leur a pas été ordonné.
Un feu sort de devant l’Eternel qui les consume. Ils meurent devant
Hachem.
Un jour de joie, pour tout un peuple et pour Aaron consacré grand prêtre,
devient un jour de deuil. Un père voit mourir ses enfants.
Comment est-il possible que dans un tel moment, Nadav et Avihou puissent
être punis de mort sans aucune autre forme de procès ?
Le Qéli Yakar rapporte plusieurs raisons à cette sanction qui surprennent
par leurs natures. Comment imaginer que des prêtres, en pleine réalisation
de leur service, entrent saouls dans le tabernacle ou sans s’être lavé les
mains et les pieds ou encore, sans avoir les vêtements appropriés. Comment
imaginer qu’ils étaient de tempérament à refuser d’avoir des enfants ou de
se marier. Comment imaginer qu’ils pouvaient enseigner une loi (l’apport de
l’encens) en présence de Moshé leur maître ou, lors de la procession dire :
" Quand mourront ces deux vieux (Moshé et Aaron) et, nous prendrons la
charge du peuple ".
Le point commun à ces avis peut être trouvé dans le premier midrash
Tanh’ouma de notre paracha.
" Lorsqu’une personne s’occupe d’une mitsva, le mal ne peut l’atteindre "
(Ecclésiaste chap. 8 v.5). Ce début de verset parle d’Aaron car il ne
devait pas quitter l’entrée de la tente d’assignation durant sept jours. Le
midrash vient expliquer ces sept jours à partir de la paracha Noah’ (chap. 7
– v.4). Hachem demande à Noah’ de prendre les couples d’animaux, d’entrer
dans l’arche et, d’attendre sept jours avant que le déluge ne commence à
s’abattre sur le monde. Le midrash raba (Chap.32 michna 7) rapporte que
cette attente fut des jours de deuil pour Métouchalah’ le juste qui venait
de mourir ou, pour la destruction du monde. De même qu’Hachem fit une garde
de sept jours avant de détruire le monde, Aaron et ses fils ont dû faire
également une garde. La semaine dont on nous parle dans la paracha Noah’ est
étonnante dans la mesure où elle a lieu avant l’événement. Si le midrash
Tanh’ouma rapproche cette semaine là de la semaine qu’Aaron et ses fils ont
observée c’est, à priori, pour aller au-delà de l’acceptation d’un événement
(destruction du monde). Elle sert de prise de conscience à l’importance du
moment à venir. Pendant cette garde, ils ont étudié l’ensemble des règles
relatives aux sacrifices et à leurs fonctions. Cependant, ils auraient dû
également s’interroger sur la raison de cette garde.
Ce même verset continue : " le cœur du sage sait que l’heure viendra
ainsi que la justice ". Cette fin de verset parle de Moshé qui, lui seul,
connaissait les implications de cette mitsva. Il n’expliqua ni la véritable
raison ni l’enjeu.
Nadav et Avihou sont décrit dans le Qéli yakar de manière caricaturale
afin de grossir exagérément la faiblesse qui les touchait. Ils auraient
dû/pu apprendre par ces sept jours qu’une attitude de crainte et de retenue
doit être observée durant l’accomplissement des mitsvot. Mais, comme le
souligne le verset 3 du chapitre10 de la paracha Chémini, Moshé rapporte à
Aaron les paroles d’Hachem : " Bikrovaï éqadech… " par mes proches Je serai
sanctifié (Cf. Rachi). De ce verset, nous apprenons qu’ils étaient de grands
hommes qui ont mis leurs actes sur le plan de la justice divine. Lors de
l’accomplissement d’un acte, (que ce soit un acte de mitsva ou non) si
celui-ci est fait avec toute la compréhension et le sérieux qu’il requiert,
la plus petite erreur d’accomplissement ou le moindre égarement est
sanctionné. Nadav et Avihou, transportés par cette mitsvah n’ont pas mis
suffisamment de distance et de retenue dans leur service.
Ils ont apporté un feu étranger devant Hachem.
© Centre d'Etudes Juives Ohel Torah

le feu divin
"Les fils d'Aaron, Nadav et Avihou, prenant chacun leur encensoir,
y mirent du feu, sur lequel ils jeterent de l'ensens, et apporterent
devant le Seigneur un feu profane qu'Il ne leur avait pas commande. Et
un feu s'elanca devant le Seigneur et les devora, et ils moururent
devant le Seigneur." (Lev.10:1) Notre Parasha a deux sujets
marquants le premier, c'est ce feu divin qui devore Nadav et Avihou, et
le second c'est toutes les lois relatives a la cachroute, pourquoi D-ieu
a t'Il choisi de mettre ces deux sujets qui de premier abord n'ont rien
de commun dans une seule et meme parasha?
LE PARDES
Nadav et Avihou n'etaient pas des novices, ils avaient recu
l'avertissement solaennel de "ne pas se precipiter vers l'Eternel
pour voir" c'est a dire chercher a percer le mystere de la divinite.
Cet avertissement prevoyait la peine de mort en cas d'infraction; de
plus ceci avait ete specialement repete a l'intention "des "Cohanim"
(Pretres) qui s'approchent de l'Eternel" (Ex.19:22). Et malgre ces
avertissements ils s'approcherent de trop de l"Eternel et ceci causa
leur mort.
Le Midrach Rabba nous dit qu'ils allerent jusqu'a s'enhardir a penetrer
dans le Saint des Saints, (entree autorise qu'une fois dans l'annee par
le "Kohen Gadol" seul) ils s'y rendirent pour avoir une vision plus
claire de la "Chekhina" (presence divine).
En fait il est peu probable qu'ils aient commis un tel sacrilege, ce que
le Midrach veut nous suggerer c'est que: Nadav et Avihou furent, avec
Adam et Noe, au nombre des personnages bibliques qui "penetrerent dans
le "Pardes" (jardin); "PaRDeS" c'est les "RacheTevot" (acrostiche) de "Pshat"
(Simple) "Remez" (Allusif) "Drash" (Hermeneutique) "Sod" ( Mystique).
A l'instar de Noe, ils avaient ete "ivres" de connaissance de D-ieu. Ils
ont goute au vin sacre c'est a dire au "Sod" (secret). ("Yain" vin et "Sod"
ont la meme valeur numerique de 70.)
Ils n'ont certainement pas par inadvertance apporte ce feu profane
provenant d'un poele (ordinaire) au lieu du feu sacre de l'autel .
Qu'est-ce qui a pousse Nadad et Abihou a penetrer dans le "Pardes"? Que
cherchaient-ils a accomplir?
LA DUALITE A L'ORIGINE DU MAL
Avant la creation du monde D-ieu seul existait, l'unite totale
regnait. Tous les aspects potentiels de la creation etaient completement
integres a D-ieu. Au moment ou D-ieu transforma la virtualite du monde a
sa realite, la dualite prit racine et engendra ainsi la creation de
concepts tels que la purete et le libre arbitre, avant on ne pouvait
meme pas parler du concept de purete, car par definition, la purete ne
peut exister que lorsqu'il y a aussi impurete.
Le role que devait jouer cette purete etait de servir de pont entre l'unite
de D-ieu, Sa saintete, de laquelle la purete est proche.
Bien qu'au moment de la creation le mal n'ait pas existe, la simple
existence de la purete et du libre arbitre impliquait la possibilite
d'une chute eventuelle de la saintete dans le domaine du mal et de
l'impur.
Le mal et l'impurete proviennent donc de la separation de l'unicite.
L'impurete et le mal sont tous des resultats de "l'apres creation".
Auparavant D-ieu et l'univers qu'Il etait sur le point de creer, etaient
pour ainsi dire unifies.
Apres la creation, le Un et Sa creation apparaissent comme
separes, comme deux entites distinctes.
C'est cette illusion de la separation de l'unite, "l'apres creation" qui
donna naissance au mensonge, a l'impurete et a la dualite tels que nous
le voyons dans notre monde.
REALITE ILLUSOIRE
L'inauguration du Sanctuaire et la manifestation de la presence
divine au milieu du peuple devaient retablir l'etat initial qui avait
regne au Paradis, a l'epoque de la creation ou la "Chekhina" residait
parmi les creatures.
C'est la raison pour laquelle Nadav et Avihou choisirent ce moment
precis pour apporter un feu profane et essayerent de l'unifier avec le
feu sacre, afin par la meme de reunifier l'univers et ainsi passer
directement a la derniere etape celle dont nous parle le prophete
Zacharie: l'Eternel "fera disparaitre l'esprit d'impurete sur la
terre" (Zac.13:2).
Ainsi, meme apres la creation, apres que D-ieu ait cree la realite
physique, il est encore possible de tout faire retourner au niveau
anterieur d'unite, celui de "l'avant-creation" ou tout etait uni avec
D-ieu, ou tout etait Un
En realite grace a la providence divine, la creation meme apres etre
passee du potentiel a l'actuel reste unie a son Createur.
La separation de la creation en deux categories "avant" et "apres" n'est
qu'une illusion necessaire. La verite profonde est que tout reste
attache a sa Source, qu'il n'existe pas de realite en dehors de D-ieu.
LA NECESSITE DU LIBRE ARBITRE
Le libre arbitre: l'aptitude a savoir choisir entre le pur et
l'impur, le bien et le mal est une partie essentielle de la creation.
Nos sages sont alles jusqu'a dire que tous les univers que D-ieu a
faconnes, avaient pour seul but de donner le libre arbitre a l'homme
dans le contexte des realites de ce monde.
Au moment ou D-ieu crea l'univers, la dualite s'y enracina. C'est cette
dualite, l'unicite de D-ieu d'une part et l'existence d'une creation
physique de l'autre, qui a engendre le libre arbitre. Cette dualite
etait necessaire a D-ieu pour ainsi dire, afin de vehiculer Sa bonte
dans l'univers.
En fait la raison d'etre de toute la creation etait de servir l'homme
dans sa recherche de la perfection, qui l'amenera en fin de compte a s'integrer
dans l'unite de D-ieu.
L'homme quant a lui, doit atteindre son but dans ce monde, ce but c'est
de connaitre le Createur en appreciant Sa bonte, en s'efforcant de son
mieux de ramener "l'apres creation" a ce niveau d'integration avec D-ieu
qu'elle avait avant la creation.
Cet "arrangement" doit durer jusqu'au monde futur. En ce temps-la, D-ieu
ramenera toute la creation a sa source, et chaque homme recevra son lot
de bonte en fonction de son attachement aux commandements durant sa vie,
ceci par le biais de son libre arbitre.
UN "TIKOUN" A LA SOURCE
Par l'intermediaire des commandements tels que ceux des regles de
cachrout, le juif s'efforce de ramener toute la creation a sa Source ...
en l'elevant et en la ramenant a son envoye, non seulement il unit la
creation au Createur, mais en accomplissant cette tache, il se trouve
lui-meme integre dans l'unicite de Celui qui l'a charge de cette
mission.
Nadav et Avihou cherchaient a percer le secret de la creation, en
voulant associer le feu profane au feu sacre, ils voulaient amener la
perfection dans l'univers.
Ils esperaient faire revenir la creation entiere au niveau de l'unicite
qu'elle avait a l'origine, avant "l'alliance de feu". Cette alliance qui
engendra notre monde.
En effet au coeur du mot "Ber-Esh-It" (premier mot de la Thora) il y a
le mot "Ech" (feu), le reste des lettres composent le mot "Berit"
(Alliance).
Ils cherchaient a faire le "Tikoun" (la reparation) la precisement ou
commencait l'illusion de la dualite du pur et de l'impur, a la source de
la creation, dans le paradoxe que D-ieu avait cree, pour donner a
l'homme la possibilite d'exercer son libre arbitre.
Plutot que de ramener "l'apres creation" au stade du "debut de la
creation" et d'attendre ensuite que D-ieu Lui-meme reunisse tout a
"l'avant creation", ils desirerent le "Tikoun" immediatement, sans delai.
UN TROP BRULANT AMOUR
Ils regarderent et moururent. Leurs ames se sont attachees aux
niveaux les plus sublimes. Quand ils contemplerent la lumiere radieuse,
leur ame se detacherent de tout contact physique "goutant le charme du
repos" Elles n'exprimerent plus aucun desir de redescendre dans ce monde
et de revenir dans leur corps; ils perdirent tout interet et tout desir,
de retourner a la dualite et a l'illusion de ce monde. Ils ne voulaient
plus que leur libre arbitre choisisse entre le bien et le mal, le pur et
l'impur.
En regardant ils allerent au-dela de leur limites et desirerent ce qui
etait hors d'atteinte.
Le desir passionne et l'aspiration qu'ils eprouverent pour D-ieu, les
poussa trop loin. Le rejet total de l'illusion, le refus d'avoir recours
a l'exercice du libre arbitre, les integrerent totalement dans l'unicite
de D-ieu. Et meme si on peut l'envier, cette action d'union avec le
Createur etait prematuree, la creation dont ils avaient l'intention de
faire le "Tikoun" ne s'en trouva pas pour autant amelioree.
Ce fut la leur erreur. D-ieu desire assurement que l'univers atteigne
son stade de perfection et s'unisse a Lui. Il desire que l'homme
s'attache a Lui de toutes les fibres de son etre, mais pas au prix de
l'existence du monde, ou meme de l'enveloppe corporelle de l'etre humain
vivant dans un monde materiel.
MANGER CACHER REUNIFIE LA CREATION A SON CREATEUR
L'homme doit continuer a faire partie de cette realite physique, il
doit atteindre son but dans ce monde, l'esprit doit continuer a vivre
avec la matiere. L'aspiration ardente de l'union totale avec D-ieu ne
doit pas refouler la dualite, jusqu'au jour ou D-ieu Lui-meme rappelera
les ames a leur Source.
La voie que nous enseigne la Thora par les regles de cacheroute qui
suivent cet episode c'est qu'en utilisant son libre arbitre dans les
choix face a ses besoins quotidiens tel que celui de se nourrir, l'homme
peut devenir un associe actif de D-ieu pour ramener l'univers a son
degre de perfection.
L'homme a la liberte de chercher la verite et de voir au-dela de
l'illusion, ou de fermer les yeux devant sa mission oubliant par la la
raison pour laquelle il a ete cree.
Ce n'est pas seulement l'oeuvre des "Tsadikim" (Justes). Chacun de nous,
selon son niveau spirituel, a la possibilite d'utiliser son libre
arbitre pour elever tout ce qui se trouve autour de lui ainsi que
soi-meme. En appliquant avec foi les ordonnances divines nous sommes en
mesure d'ameliorer le monde en nous eloignant de l'impurete.
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Base sur: La voix de la Thora de Elie Munk.
"Mayim" d'un enseignement de Rabbi Na'hman de Breslev.
Manger cacher- manger Juif
Rav Dynovits |
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Notre Paracha Shemini fait allusion
au chiffre 8 (Shemini) qui incarne une réalité au dessus de la nature.
La nature, en effet, est représentée par le chiffre 7 - les sept jours
de la semaine.
C’est dans cette Paracha que nous recevons les Lois sur les animaux
cacher : les deux signes de pureté, l’un extérieur (les sabots fendus)
et l’autre intérieur (ruminant). Le lien entre la nourriture cacher et
le chiffre 8 est révélateur : la nourriture cacher confère au Juif une
autre nature que celle de l’homme, en général. Autre nature, signifie
que celui qui mange cacher pense, ressent et agit différemment des
autres. Puisque l’homme est essentiellement ce qu’il mange, il est
évident que la Torah, en donnant au Juif une nourriture particulière,
entend faire de lui un être différent. A l’inverse, un Juif qui ne
mange pas cacher, perd ce qui fait la différence essentielle entre lui
et les autres. Même si un Juif reste toujours Juif, sa nature
particulière reste cachée à l’intérieur de lui, sans se dévoiler, tant
qu’il ne mange pas cacher. Il est donc évident qu’il lui sera
impossible de penser et de ressentir comme un Juif véritable. Cette
notion est vraie même sur le plan matériel. Nous savons, en effet, que
les différences entre les Peuples sont souvent liées à un type
d’alimentation différent. Cependant, dans tous les cas il s’agit de
nourriture matérielle conférant à ceux qui la mange une nature liée au
chiffre 7. La cacherout est, à la différence, une nourriture
spirituelle qui agit directement sur le cerveau et le cœur du Juif.
Pour atteindre le niveau du chiffre 8, la Torah nous a donné la
nourriture cacher. Le chiffre 8 confère alors au Juif une sur-nature
lui permettant de traverser l’histoire sans disparaître comme tous
ceux qui sont soumis aux lois implacables de la nature. Tout dans ce
monde dirigé par les Lois de la nature naît et meurt. Tous les peuples
et toutes les civilisations disparaissent un jour parce que leur
nourriture ne peut les soustraire à la nature. Israël, lui, traverse
l’histoire et ne disparaîtra jamais. Le secret de son éternité est lié
entre autre à la nourriture cacher. Si cela concerne essentiellement
le Peuple Juif dans son ensemble, chaque Juif en particulier tire lui
aussi un bénéfice énorme lorsqu’il mange cacher. Premièrement, il
participe consciemment à l’histoire de son Peuple et n’est plus qu’une
simple victime d’une histoire qu’il ne comprend pas et dont il
voudrait parfois s’échapper. Mieux vaut être Juif parce que l’on en
comprend le sens, plutôt que de l’être parce que les autres nous le
rappellent. De plus, en dévoilant dans son être la nature et la
sensibilité d’Israël, il parvient à découvrir l’immense Sagesse cachée
dans la Torah et réussit, grâce à elle, à faire de sa vie un chemin de
bonheur véritable et authentique. La nourriture cacher est le bouclier
d’Israël contre tous les dangers matériels et spirituels qui se
dressent contre lui dans ce monde.
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