livre de l'exode paracha : kitissa

résumé

est par l’institution de l’impôt du demi-sicle sur chaque homme majeur de 20 ans que la Sidra prolonge et complète la description et les ordonnances se référant à la construction du ta bernacle et aux vêtements sacerdotaux. Effectivement, cette contribution est en partie destinée à permettre au sanctuaire de faire face aux dépenses de réparation et de conservation des objets sacrés, ainsi qu’aux frais des sacrifices publics. En même temps, le demi-sicle sert à effectuer le dénombrement des hommes majeurs. L’ensemble des objets figurant dans la description précédente recevra sa consécration suprême par l’onction à l’aide de l’huile sacrée. La composition exacte de l’encens, la description de la grande cuve d’airain qui servira à la sanctification des prêtres avant leur service, la désignation enfin des spécialistes appelés à diriger et à surveiller l’exécution des tra­vaux terminent la partie réservée au sanctuaire. Après un bref rappel de l’ institution du Sabbat, le texte rapporte la transmission des Tables de la loi (tables de pierre écrites de la main de Dieu), à Moïse qui doit les déposer dans l’arche sainte et leur donner la place qu’elles doivent dorénavant occuper dans le Saint des Saints. C’est ensuite le récit d’une rare netteté de l’épisode du veau d’or ; Israël désespérant du retour de Moïse, demande à Aaron de lui construire une idole «ton dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte ». Aaron se débat en vain, la fureur du peuple l’emporte et c’est l’horrible orgie autour de la statue qui achève le tableau saisissant de cette première et grave faute na­tionale. La réaction de D. est immédiate. Moïse reçoit l’ordre de descendre et de faire la justice, cruelle mais indispensable pour que seule l’élite du peuple, celle qui n’a pas participé au culte idolâtre, devienne porteur de la Loi. Moïse essaie d’intercéder auprès de D., mais, sans attendre le résultat de sa démarche, il descend de la mon­tagne et voyant le peuple déchaîné danser autour du veau d’or, il jette, de ses mains, le précieux don et brise les Tables au pied de la montagne. Immédiatement, le châtiment des coupables commence et trois mille hommes, les meneurs du peuple, périssent de la main de leurs frères. Cependant l’action de Moïse se poursuit et dans un magnifique élan d’amour pour ces hommes coupables, mais faibles, il implore D. et n’accepte pas de former avec quelques-uns le futur centre d’un peuple plus fidèle. C’est une lutte épique entre l’homme et D. et, une fois de plus, l’inflexibilité divine s’incline devant le courage du chef du peuple, et après une brève vision de la Majesté Divine, Moïse obtient de D. la promesse de surseoir à une extermination, même méritée. Un deuxième exemplaire des Tables de pierre, taillées à l’image des premières, exprime la nouvelle alliance et la paix sauvegardée. Un rappel extrêmement sévère à la fidélité et à la crainte de D. sera l’introduction à une série de lois dont les plus marquantes sont consécration du premier-né, homme ou bête, les trois fêtes de pèlerinage et en particulier l’agneau pascal. De nouveau, Moïse reste pendant quarante jours et quarante nuits auprès de D. Et combien différent est l’accueil du peuple, tout empreint de respect et de calme, lorsque pour la deuxième fois, Moïse descend de la mon­tagne, les nouvelles Tables dans la main et le visage rayonnant du reflet de la grandeur, de la beauté divine. Moïse ne se doute point de cette transformation miraculeuse. Lorsqu’ enfin il y porte attention, il voile son front humblement et modestement, en véritable serviteur, en homme de D.

 

La paracha Ki TISSA contient 4 commandements positifs et 5 interdictions
 105. Offrande d'un demi-sicle, mahatsit ha-chéqèl, chaque année, pour le culte.
 106. Ablution des mains et des pieds des Kohanim avant le service.
 107. Onction des Kohanim et des Rois.
 108. Repos de la terre, la septième année.
 109. Interdiction d'oindre avec l'huile sacrée des profanes.
 110. Interdiction de préparer une huile suivant la composition de celle de Mochè.
 111. Interdiction de préparer le mélange d'aromates.
 112. Interdiction de consommer des choses offertes à une idole.
 113. Interdiction de consommer la viande cuite dans le lait.

commentaire

LE DEMI-SICLE. Le temple, avec toutes ses institutions et les prêtres désignés pour son service ne doivent pas constituer, à l’intérieur de la nation, d’éléments étrangers, supérieurs, donc inaccessibles. Nous sommes loin de ces temples égyptiens qui forment réellement un monde distinct dans la société humaine ou d’autres concrétisations religieuses amenant souvent à la création d’un État dans l’État. Ce dualisme doit être évité dès le début et la participation nationale à la construction et au fonctionnement du Temple est sans doute inspirée de la volonté d’union des activités dites profanes aux activités dites religieuses. Chaque Juif est en quelque sorte «membre fondateur », associé et garant du centre spirituel de la nation, et cependant son don ne sera que la moitié de l’unité monétaire Juive, parce que ce n’est pas seul, isolé, que le Juif peut efficacement participer à cette tâche ; il faut que les membres épars s’unissent, s’assemblent deux par deux, pour que le sicle sacré soit formé. En même temps, cette institution exprime certainement l’idée que ce n’est qu’en donnant, même en se donnant, que la vie de chacun peut acquérir de la valeur devant D. Lorsque le texte dit : <(Chacun d’eux fera ce don pour qu’il ne soit frappé d’aucune plaie », cela signifie que l’attitude passive est incompatible avec les exigences de D. Nul n’a le droit de s’abstenir, comme nul ne peut avoir l’ambition de pouvoir achever seul quelque entreprise. C’est la même idée qu’exprime la fameuse phrase du Traité des Pères (2, 21) : «Ce n’est pas à toi de terminer l’ouvrage, mais ce n’est pas à toi non plus de te soustraire à la tâche ». Selon la .tradition orale, trois dons sont ordonnés par notre texte:

1. Le demi-sicle pour le recensement des hommes (versets 12 et 16), prélevé occasionnellement (nous ne connaissons que de très rares cas de cette espèce)

2. La contribution annuelle du demi-sicle pour la constitution d’une caisse destinée aux sacrifices (verset 1~)

3. La contribution volontaire de conservation destinée aux réparations et à l’embellissement du Temple.

C’est au mois d’Adar de chaque année que le demi-sicle est collecté par des délégués du tribunal suprême, et c’est en souvenir de cette coutume que nous lisons, dans nos synagogues, ce passage de notre Sidra, le dernier Sabbat du mois d’Adar. Chacun est astreint, sans considération de fortune, à verser la même somme entre les mains des délégués, car il n’y a, devant D., ni riche ni pauvre, il n’y a que des hommes de bonne volonté. Le demi-sicle du pauvre figure à côté du demi-sicle du riche et la fameuse «égalité » que des époques récentes seulement ont découverte, figure déjà au début de notre histoire en bonne place dans la Constitution nationale.

L’HUILE DE LA CONSÉCRATION. Toute oeuvre matérielle, si parfaite soit-elle, ne peut être un facteur utile d’amélioration que lorsqu’elle est conçue, réalisée et employée dans un but moral. Pour cet effort intense et laborieux, nous nous refusons, dans notre pensée et dans notre pratique, à avoir recours à des moyens qui ne sont pas, dans leur essence même, animés du même souffle.        Ainsi tout le matériel destiné à faire partie du sanctuaire reste simple construction humaine, morte et inanimée, s’il n’est pas     d’un bout à l’autre, vivifié par l’esprit. L’huile de la consécration appose le sceau divin sur des objets humains et les élève ainsi, de leur aspect matériel, à leur destination divine. Il est très caractéristique que, comme pour un sceau humain, la contrefaçon de l’huile sacrée est strictement interdite et que, d’autre part, elle    seule peut donner un caractère hautement spirituel à certaines  activités très profanes. Nous pensons à l’emploi de cette de l’intronisation du roi juif, le pouvoir temporel reçoit une mission toute nouvelle qui l’élève au-dessus de toutes les bassesses accompagnant communément cette charge. D’une manière générale, l’onction, symbole solennel de la confiance et de la dignité réservée aux objets ou aux personnes qui doivent prendre part à l’effort moral et éducatif de la nation.

 LE RAPPEL DU SABBAT. Il n’y a rien d’étonnant à ce que, après la construction du sanctuaire, la Thora mentionne une fois de plus la sainteté de la journée sabbatique. Elle insiste particu­lièrement sur la nécessité (qui s’affirme tout au long de la concep­tion juive), de ne pas violer, même sous des prétextes très valables, les institutions sacrées dont nous sommes les seuls garants. Les buts, quels qu’ils soient, ne justifient pas les moyens. C’est seulement lorsque le but lui-même devient inaccessible, sauf recours à des moyens exceptionnels, que la Loi autorise le recours à ces moyens. Le cas se présente lorsque le but essentiel du Sabbat, qui est l’hommage à D. par l’homme libre, est compromis par un un danger de mort qui pèse sur cet homme. Ce n’est que pour per­mettre à l’homme de consacrer de nombreux sabbats de son avenir à l’hommage de D. qu’un ou plusieurs Sabbats peuvent être pro­fanés, et encore à bon escient seulement.

 LE VEAU D’OR.

                                                A) SES ORIGINES, SES MOTIFS: Couramment, on présente le veau d’or comme un retour brusque à un état de barbarie spirituelle, comme une déchéance soudaine d’un peuple qui avait pourtant vécu suffisamment près de l’époque égyptienne et de ses suites pour être armé contre toute défaillance de ce genre. Cependant, il est difficile d’admettre qu’il s’agisse, ici, d’un simple retour à l’idolâtrie. Tout d’abord, il semble peu probable que la leçon du passé ait si peu porté et, d’autre part, la revendication du peuple qui aboutira à l’exclamation: « Voici tes dieux, Israël, qui t’ont sorti d’Égypte », devient incompréhensible. Il est certain que ai le veau d’or peut, à la rigueur, être considéré comme le « dieu de l’avenir », il n’a certainement pas pu agir dans un passé où il n’existait pas. Il parait plus logique de considérer cet événement sous l’angle suivant: Israël a acquis, à la suite de multiples expériences auxquelles il a assisté, la notion certaine d’un Dieu suprême. Mais il n’a pu se défaire entièrement de l’idée païenne qui juge tout à fait la divinité sur l’image de l’homme, à savoir: exposée aux influences humaines, soumise à des sautes d’humeur et exigeant constamment des offrandes, pour calmer son courroux, la rendre favorable et lui imposer une attitude bienveillante (voir l’anneau de . Moïse est pour eux le ((surhomme>) qui possède des qualités magiques pouvant atteindre et presque dominer la divinité. Lui seul était, dans l’esprit du peuple, capable de faire faire à D. cette série de manifestations dont il était témoin. A sa disparition inquiétante, il se voit, dans le vrai sens du mot, aban­donné, et le texte le confirme en disant : ((Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse,nous ne savons pas ce qu’il est devenu . Ce n’est donc pas une idolâtrie véritable, mais une mauvaise conception du divin que reflète le veau d’or. Il ne s’agit pas non plus d’une reproduction du dieu égyptien Apis, car celui-ci était représenté par un animal vivant et de conformation particulière. L’égarement en lui-même n'en est pas moins grave. Tout l’avenir du peuple est menacé par un fétichisme humain qui remplace le véritable monothéisme. A cela la reconnaissance du principe divin ne change rien : Dieu et sa loi ne sont pas liés à qui que ce soit, fût-ce même à Moïse : Moïse mourra, d’autres le remplaceront.

                                                B) AARON : Le rôle du frère de Moïse n’est certes pas glorieux et il est inutile de chercher à le justifier. Il agit sous la forte pression du peuple, à laquelle il n’oppose qu’une faible résistance. Seul le sacrifice de sa vie aurait peut-être pu l’endiguer. Il est probable que cet "ami du peuple" (Aaron, homme de la paix, homme de la conciliation) n’aurait pas été sacrifié par la masse, toute déchaînée qu’elle fût. Mais il juge sans doute que le sacrifice aurait été vain et il emploie des moyens qui doivent lui permettre au moins, de gagner du temps. Il espère que les contributions en or et en joyaux, qu’il exige, vont faire hésiter le peuple (et surtout les femmes) et l’organisation d’une fête pourra encore permettre à Moïse d’arriver avant que le pire ne soit accompli. La seule question qui subsiste est celle de savoir pourquoi Aaron à fabriqué de sa propre main ce veau fatal, au lieu de se confiner dans une attitude passive. Il n’est pas impossible de supposer qu’Aaron voulait pous­ser les choses vers une démonstration par l’absurde, autrement dit il espérait peut-être que le veau, issu de sa main, primitif et ridi­cule, ferait plus que tous les sermons et supplications. Peut-être les Juifs réfléchiront-ils sur l’absurdité de leur entreprise. Mais rien n’y fait et la fureur du peuple n’a plus de borne. Il est donc certain qu’à vouloir sauver à tout prix la paix par une attitude de com­promission, on arrive la plupart du temps à aggraver la situation. Le jugement de Moïse, au sujet de son frère, est d’ailleurs riche en enseignement. Moïse lui dit: "Combien ce peuple a-t-il dû te changer pour que tu aies pu tolérer un geste d’une telle gravité »ch. XXXII, v. 21). La réponse d’Aaron (22 à 24) montre la loyauté le son caractère, car il n’y est pas question d’excuse. Il ne diminueras sa faute. La seule chose qu’il dit est: « Tu connais le peuple quand il est déchaîné, mais moi seul suis coupable, car c’est moi qui ai cédé en tout ».

 

                                                                          C)     LE CHATIMENT: Rarement Moïse apparaît dans l’histoire sous un jour aussi net qu’à l’occasion du veau d’or. C’est le vrai combattant pour l’unité et l’incorruptibilité de Dieu qui agit. sans égard pour les personnes, sans ménager son prestige et celui le ses proches, il intervient pendant que le peuple, saisi de stupeur et immobile devant l’ampleur de sa faute, n’ose faire le moindre zeste pour sa défense. C’est cela surtout qui confère à Moïse son :aractère de véritable chef. Rigoureuse et impitoyable dureté pour les hommes, amour sans borne et solidarité à toute épreuve envers s.~s semblables devant D. Le peuple a agi à la manière des enfants. Le châtiment sera un châtiment pareil à celui qu’on impose aux enfants « Tu croyais que c’était ton dieu eh bien, tu le boiras »et en le détruisant et en jetant à l’eau le veau d’or, le peuple consomme sa propre faute. A voir le peuple accepter docilement cette sanction et ne pas faire un geste pour sauver ce dieu des mains vengeresses de Moïse, on reconnait les premiers signes d'une amélioration. Mais il fallait, pour éviter la répétition de cette faute, éliminer les principaux coupables et rétablir ainsi l’autorité de la Loi. Trois mille hommes sont passés au fil de l’épée par les Lévites, seule tribu qui n’a pas participé collectivement au culte idolâtre. (Ce qui leur vaut dorénavant la dignité de prêtres, dignité qui était primitivement dévolue aux premiers-nés de l’ensemble des familles juives).

 

 

LES DEUXIÈMES TABLES. On peut se demander pourquoi la remise des deuxièmes Tables de la Loi suit immédiatement la faute et le pardon, pourquoi une certaine période d’épreuve et de lente réhabilitation n’a pas été imposée entre la déchéance du veau d’or et la réadmission du peuple devant D. Il est probable que la raison est la suivante une révolte telle que celle qui s’est mani­festée à l’occasion du veau d’or aurait eu sur le plan humain, des conséquences bien différentes. Chaque gouvernement tient compte dans une certaine mesure des réactions de la nation. Mais s’il a recours à la force pour étouffer tout début de rébellion, il n’oublie pas dans l’avenir l’état d’esprit qui s’est ainsi manifesté. Celui-ci doit être pris en considération en vue de modifier la légis­lation dans un sens qui permettra d’éviter que de tels événements se reproduisent. Toute autre est la situation d’Israël: aucune erreur, aucune faute, aucune rébellion ne changera quoi que ce soit à la forme et à l’esprit de la Loi divine. Ce n’est pas en tenant compte de nos faiblesses que D. saurait modifier Son plan. Il est caractéristique que le premier geste de D. après la réconciliation avec la nation, est précisément une nouvelle présentation des mêmes tables à la nation. Cela exprime très nettement l’idée que, quoi qu’Israël fasse, il aura toujours à faire face à une tâche invaria­blement sacrée et invariablement infinie.