בס"ד
VAYIQRA/ Paracha TAZRIÂ
par Rav Arié LEVY 'Chalita'
Auteur du livre de commentaires
« LE CHANT DE LA VIE »
Maguid Chiôur au Collel francophone
DARKEI AHARON
N°183
Lorsque le peuple d’Israël était à un niveau où sa perception des voies de
D’ était claire, les maladies étaient traitées au niveau spirituel. La
réaction naturelle en cas de trouble quelconque, était de « consulter D’ »,
c’est-à-dire de s’adresser au Cohen et plus tard au prophète. Après une
vérification minutieuse, le Cohen était en mesure de déceler si le mal
consistait en une simple allergie ou infection quelconques, ou si la cause
était rattachée à un défaut de l’âme. C’est le concept de l’Unité sous son
double aspect : d’une part, l’identité du judaïsme, de la morale et de
l’hygiène physique dans la pensée juive ; d’autre part, l’unité de l’être
humain, dont l’esprit et le corps forment un tout indivisible. Aussi,
trouvons-nous couramment, dans la Bible et le Talmud, de nombreuses données
médicales liées étroitement à des prescriptions morales. L’homme est un
microcosme dont les multiples composantes de nature spirituelle et physique
s’harmonisent en un parfait équilibre, fixé avec une extrême précision.
RAMBAM souligne avec insistance que la meilleure médication est celle qui se
base sur les vertus morales et qui, en partant de ce principe, tend à
rétablir l’union harmonieuse préétablie des forces morales et physiques,
momentanément rompue. C’était donc le Cohen, en tant que premier serviteur
de D’, qui faisait office de médecin. Le mot haCohen a la même valeur
numérique que le mot rofé (médecin), et ceci montre à l’évidence que la
Torah considère les maladies citées comme ayant des causes morales ; il
appartenait au Cohen de les déceler, et la procédure décrite dans la paracha
était destinée à orienter le malade vers la téchouva.
De nos jours, il est rare que nous établissions un rapport entre la maladie
et les causes morales, et notre souci est principalement de découvrir et de
vaincre les causes matérielles. Nous inversons la relation de cause à effet
et prenons l’effet pour la cause. Le Kéli Yaqar et d’autres commentateurs
expliquent longuement les raisons à nombres de maux : lachone harâ,
grossièreté et autres causes morales ; il faut comprendre que l’effet,
c’est-à-dire les affections physiques, ne sont pas des châtiments mais un
signal, un feu rouge, qui doit fournir l’occasion de se retrouver seul avec
soi-même et de méditer sur les conséquences de son acte et sur le moyen
d’améliorer sa conduite. Par le fait même que la tsaraât, ce mal qui
ressemble à la lèpre, soit issu d’un décret divin qui vient interpeller le
fauteur, il ne fait pas de doute que la Torah veut ici nous indiquer qu’il
n’est pas de signe qui soit fortuit, à condition que nous soyons attentifs à
toute indication que D’ peut nous donner. Nous, peuple juif, savons
d’instinct que lorsqu’une épreuve vient troubler notre quiétude sociale,
familiale ou professionnelle, nous devons tout naturellement en rechercher
la cause au fond de nous-mêmes.
Nous nous préparons à la solennité de PESSA’H et nous nous efforçons, avec
beaucoup de minutie, d’écarter le ‘hamèts de nos maisons. Le rav Mordékhaï
ELIYAHOU pose la question : à Kippour également il est question de Karèt
(retranchement de l’âme de la Communauté d’Israël) pour celui qui
consommerait de la nourriture ce jour-là, au même titre que celui qui
consommerait du ‘hamèts à Pessa’h ; la Torah ne demande pas, concernant yom
Kippour, de trier et d’éloigner de soi des aliments ; uniquement quand il
s’agit du ‘hamèts il est dit « qu’on ne voie ni ne trouve… » Pourquoi
spécialement à Pessah ? Et le Rav explique que le ‘hamèts c’est le yétsèr
harâ (le penchant au mal).
Je pense que la comparaison du yétsèr harâ au ‘hamèts signifie ceci : le
levain, prohibé à Pessa’h, suscite la fermentation en agissant sur la pâte
et en décomposant ses parties. L’action du levain est comparée par nos Sages
à la forme de fermentation dans l’âme humaine sous la forme du yétsèr harâ,
qui soumet la pureté naturelle de l’âme à l’influence des forces de
décomposition et qui les soulève contre les forces du bien. Car si l’homme
analysait profondément la raison qui le pousse à se « gonfler » d’orgueil, à
rechercher les honneurs ou à « gonfler » son imagination dans sa haine du
prochain, il arriverait à prendre conscience de sa petitesse. Nos Sages
décrivent ainsi le yétsèr harâ lorsque Hachem l’anéantira : aux Justes il
apparaîtra immense, et ils diront : comment avons-nous pu le vaincre ? et
ils pleureront ; aux impies, il apparaîtra minuscule, et ils diront :
comment n’avons-nous pas pu le vaincre ? Et ils pleureront.
Compte tenu de la comparaison du ‘hamèts avec le yétsèr harâ, nous pouvons
comprendre pourquoi la Torah nous incite à nous méfier du ‘hamèts, à le
rechercher dans chaque recoin de la maison (et de nous-mêmes) et à
l’éloigner de notre vue.
Haman (descendant d’Amalèq) qui avait décidé d’exterminer les juifs, invoqua
devant Assuérus que les juifs disséminés dans les provinces du royaume
avaient des lois différentes de celles des autres nations et il conclut « il
n’est donc pas de l’intérêt du roi de les conserver ». Nos Sages commentent
que la raison invoquée par Haman était qu’ils refusaient de travailler,
tantôt le Chabbat, tantôt à Pessa’h. On peut comprendre qu’un Chabbat par
semaine le dérangeait, mais Pessa’h ne comprend que sept jours, une fois par
an. Mais Haman avait remarqué combien les juifs s’affairaient à éloigner le
‘hamèts, et il leur en demanda la raison. Il lui fut répondu : parce que le
‘hamèts, c’est le yétsèr harâ ; or l’essence même du mal c’est Amalèq à
propos duquel la Torah nous demande de nous souvenir «d’effacer le souvenir
d’Amalèq»
A la sortie d’Egypte, à l’époque d’Haman et de nos jours, Amalèq se
manifeste à chaque génération afin de nuire au peuple d’Israël ; il est
intéressant de constater que Iraq (âïne, rèch, qouf) et Egypte (mème, tsadiq,
rèch, youd, mème) ont la même valeur numérique = 380 ; de même Sadam
‘houssein a la même valeur numérique que Amalèq = 240.
Nous savons que Darius le Mède et Cyrus le Perse vainquirent l’empire
babylonien (l’Iraq actuelle) en l’an 364 avant l’ère civile. Nos Maîtres
enseignent que Cyrus (Korèch : caf, rèch et chine) c’est Darius (Dariavèch :
dalèt, rèch, youd, vav, chine) et la guématria de Korèch est celle de
Dariavèch = 520. Celui qui s’est donné pour mission de faire capituler
l’Iraq et son dictateur s’appelle Georges Bouch (guimel, youd, vav, rèch,
guimel, bèt, vav, chine) dont la valeur numérique est la même que celle de
Cyrus (ou Darius) = 520 . Il y a 14 ans, lorsque la guerre du golfe prit
fin, on nous a dit : mais Georges Bouch n’a pas réussi à faire abdiquer le
tyran irakien, peut-être que ce compte n’est pas exact. Et voici qu’aujoud’hui,
le président américain dont le nom est le même que celui de son père, prend
sur lui d’achever la tâche qui fera de lui l’égal de Korèch, non seulement
sur le plan de la guématria mais également sur le but à atteindre.
Rappelons-nous que la guerre du golfe prit fin à Pourim qui eut lieu au
temps de Haman = Amalèq = Sadam ‘Houssein, et que cette fois, tout a
commencé le jour de Pourim. Peut-on parler de coïncidence ?
Il n’est pas question pour nous de compter plus qu’il n’en faut sur la
puissance mondiale, mais de rester en éveil et de prier le Maître du monde
qu’IL continue à veiller sur son peuple à Sion et dans la diaspora, car bien
que pendant la guerre du golfe 39 skudes n’ont tué aucun juif en Israël, un
seul skude à tué en Arabie saoudite des dizaines de personnes, et un autre a
tué en Afghanistan 300 personnes et fait 700 blessés.
Peut-être Hachem veut-il renforcer notre foi et nous faire savoir que de
grands miracles se sont alors produits, et qu’ils continuent de se produire
aujourd’hui.
CHABBAT CHALOM ET ‘HODECH TOV !
COMMENTAIRE
la thora commentée de MARC BREUER
RÈGLES DE
PURETE APRÈS LA NAISSANCE.
—
«
Une femme
deviendra enceinte et donnera naissance à un enfant
s.
Avec une
grande limpidité, la Thora nous donne, par cette loi, l’idée qu’elle a
conçue du rôle de la mère et de son importance dans le cycle de la vie
humaine. Aucun événement de l’existence de l’être humain n’est davantage
capable d’effacer les limites entre l’homme et la bête que le processus de
l’enfantement. Soumise à l’inexorable loi de la nature, la femme lutte de
toutes ses forces physiques
donner la vie à un nouvel hôte du monde. Tout
rappelle point par point l’impérieuse nécessité physique ô laquelle doit
obéir toute créature. Et la grandeur, la liberté souveraine de l’homme
subissent une dure épreuve en présence de la soumission aveugle,
impuissante, à l’impératif de la nature. Rien n’est donc plus dangereux
pour l’exercice de cette grande notion de (<liberté>) que cette phase
animale dans la vie humaine. Et c’est précisément pour enseigner ô la femme
l’obligation de sortir, une fois la naissance achevée, de ce cercle de la
dépendance physique et de regagner son être libre, que la Thora l’appelle à
se présenter devant le prêtre, aussitôt après son rétablissement. Il est
remarquable que le texte sacré intercale la loi de la circoncision de
l’enfant au huitième jour. La raison en est l’intime rapport de la qualité
de Juif de l’enfant avec la mère. En effet, c’est la mère juive qui, seule
est capable de donner cette qualité à l’enfant. D’autre part, c’est
certainement plus qu’une coïncidence que la période première de l’impureté
de la mère soit de sept Jours, en conséquence de quoi le huitième jour est
le début. d’une nouvelle existence, élevée et noble à la fois pour la mère
et pour l’enfant. La même pensée se retrouve dans cette «mila
», spiritualisation du physique et dans le retour de la mère souffrante
dans la société juive, image d’une humanite consciente de son caractère de
servante libre de Dieu. Finalement, il faut relever la différence entre la
période d’impureté de la mère en cas de naissance d’une fille et celle d’un
fils. Cette période est double pour une fille, et l’intention du législateur
était peut-être de donner ainsi ô la mère la notion de la gravité et de
l’importance capitale de l’oeuvre d’éducation à accomplir précisément
auprès de sa fille. La mila du garçon incombe au père ou à ses
représentants, mais l’initiation de la jeune fille à sa future tâche de
compagne digne et hautement inspirée de l’idéal juif est presque
exclusivement le devoir de la mère. Au centre de cette éducation est la
Pureté~ Et c’est en insistant davantage sur le chemin difficile et long à
parcourir pour atteindre et défendre cet idéal de pureté que la jeune mère
se prépare doublement.
Quant aux mesures de pureté elles-mêmes,
imposées à la jeune mère, les opinions diffèrent sur le fondement de cette
institution. Une des thèses les plus intéressantes évoque la figure d’Eve
et la malédiction qui fut prononcée contre elle. R parait alors que l’état
d’impureté devra être mis en rapport avec l’accomplissement de cette
malédiction. La femme ayant accouché a fait l’expérience sur sa propre chair
des souffrances annoncées dans le texte de la Genèse. Son état d’impureté et
le sacrifice qui l’achève seraient ainsi le prix du rachat de la faute d’Eve,
la compensation, le relèvement de la malédiction. Disons tout de suite que
cette opinion ne peutêtre soutenue lorsqu’on voit de plus près la pensée de
la Thora au sujet de la naissance et de la mort de l’homme. Gomment
comprendre en effet que D., au début de la vie du premier homme, prononce
cette phrase capitale Fructifiez et multipliez-vous, phrase qui contient
sans aucun doute possible le devoir de prolonger l’existence du genre humain
en donnant naissance a de nouveaux hommes. Nulle part dans la Thora nous ne
trouvons que la naissance d’un homme soit un mal en soi, qui ait besoin d’un
rachat. Il n’est pas possible en conséquence d’admettre cette thèse qui, par
ailleurs, est d’inspiration typiquement chrétienne. La naissance d’un enfant
est une joie pour la collectivité d’lsrabl, une bénédiction, dans le vrai
sens du mot.
On a aussi essayé, une fois de plus, d’expliquer cette institution
par des motifs de santé, une sorte de ((désinfection’> qui serait
~ xrne ~€ e~srÂ~k naturelle dùe aux circonstances de 1’ accouchement. Nous
ne pouvons que reprendre ce que nous avons dit plus haut, à savoir que ce
motif, sans être une raison suffisante, n’est pas à rejeter d’emblée. Les
lois de pureté ont ceci de particulier qu’elles contribuent puissamment
autant à la pureté morale qu’à la pureté physique du Juif. Ce n’est
certainement pas un fait du hasard que certaines maladies, si répandues
parmi les peuples, soient presque inconnues chez nous. Et si nos familles
ont su garder une force physique qui a déjà fait l’admiration des anciens
Egyptiens (cf. Exode 1,10), il est certain que les lois de la Thora y sont
pour une bonne part.
LA « LÈPRE ». — Nous l’avons déjà dit la confusion de la maladie dont parle
notre sidra avec la lèpre des pays chauds est très répandue et cependant,
entièremment erronée. L’étude de notre texte apporte à cela des preuves
multiples. Toutes les mesures <(hygiéniques)~ que le prêtre doit prendre au
sujet de l’individu atteint n’ont rien de commun avec les précautions
élémentaires que l’on rencontre habituellement pour toute maladie
contagieuse. Il est par exemple, curieux de constater que l’examen du prêtre
(qui peut parfois se prolonger plusieurs jours) n’entraîne pas la réclusion
immédiate. Ce n’est qu’au moment du constat proprement dit que les
prescriptions prévues entrent en jeu. De même, le corps qui est, sans qu’il
subsiste aucune partie saine, entièrement atteint par le mal, n’est pas non
plus déclaré impur. Un non-juif, qui présente des symptômes tout à fait
analogues n’est pas non plus touché par la loi de réclusion. La question se
pose alors de savoir à quel genre de maladie nous avons affaire et quel peut
être le sens de cette institution ?
Un épisode de la Thora (Nombres, ch. XII), nous permettra d’éclaircir le
problème. Miriam, soeur de Moïse, s’est rendue gravement coupable en
médisant de son frère. Elle est alors frappée par ce mal de la « lèpre~> qui
l’oblige à s’éloigner pendant sept jours du camp d’Israel et de vivre
entièrement isolée de la collectivité. La tradition orale nous enseigne
alors à ce sujet que chaque cas de médisance grave fut frappé de la sorte.
Il n’est pas difficile de saisir le sens de cette sanction. La médisance, la
mauvaise langue, est le danger le plus mortel pour toute société, grande ou
petite. Il est impossible d’établir une vie sociale harmonieuse et
respectueuse de la vie et de l’honneur de chacun, si l’individu n’est pas à
l’abri de la menace sournoise dc la calomnie. Nos Sages n’ont-ils pas dit
que la destruction du Temple, la catastrophe nationale, furent les
conséquences de cette funeste habitude?. Avec une inflexible volonté de
justice, Dieu stigmatise le coupable et la Loi l’oblige alors à sortir du
cadre de la société pour méditer sur les conséquences de son acte et, après
un repentir sincère, revenir, guéri moralement et physiquement, parmi ses
frères. Là encore, la loi procède par étapes. Elle prend en considération
les degrés et nuances de la mauvaise action qui appelle la sanction.
Vêtement, maison, homme enfin, voilà autant d’avertissements successifs pour
mettre fin à la mauvaise attitude de l’homme inculpé.
Tous les détails de cette loi s’expliquent alors parfaitement si l’on tient
compte de sa valeur, du but éducatif qui lui est propre. Tel, par exemple,
l’homme qui est entièrement atteint et qui n’est pas déclaré impur, donc non
soumis à l’isolement. Certainement la raison en est que, pour pouvoir
effectuer un retour complet vers une amélioration morale, une partie, même
infime de l’homme doit encore être intacte, doit encore être la cellule
saine qui permettra la reconstitution ; entièrement atteint, il n’est plus
impur car il n’y a plus moyen de procéder à son rétablissement.
Seul l’examen du prêtre déclenche la procédure prévue. Car, en effet, ce
n’est pas un médecin mais c’est le prêtre, le gardien de la solidité morale
et spirituelle du peuple qui doit intervenir. Ce n’est pas le corps physique
de la nation, seulement, mais ce sont tous les éléments moraux qui composent
notre nation que le danger de la médisance peut atteindre. Il est alors
normal qu’à partir du moment où cette nation a cessé d’exister dans sa forme
complète, sur une terre juive et régie par la loi juive, aussi bien la
maladie elle-même que l’intervention du prêtre ont cessé. En somme, nous
sommes en présence d’une institution grandiose qui complète par une action
immédiate de D. l’oeuvre de justice des hommes, en éclairant d’une lumière
violente tous les défauts intimes, mais non moins graves, de la société
juive et que les juges humains ne disposant pas de moyens complets
d’investigation et de jugement, ne peuvent pas sanctionner.
Si nous reprenons l’ensemble de la Sidrah, et les dispositions
qu’elle édicte tant à l’égard de l’~ accouchée » qu’à celui du « lépreux »,
nous pouvons aboutir à une explication globale.
Nous pouvons nous trouver en état d’infériorité morale ou physique pour deux
raisons différentes soit par une loi naturelle, soit par une négligence, par
une faute. Dans les deux cas, il s’agit tout d’abord de prendre conscience
de cet état d’infériorité, puis de s’imprégner de l’idée que toute
infériorité humaine ne doit êtreque passagère, qu’aucune déchéance fatale
n’est prononcée par le Créateur à l’égard de qui que ce soit. La leçon de la
« Techouba s, c’est-à-dire du retour, du pouvoir illimité de l’homme sur la
gestion de ses affaires, sa capacité, que nul ne peut lui enlever de se
ressaisir et de remonter la pente, voilà l’enseignement capital du judaïsme.
Aucune occasion n’est manquée pour faire revivre cette idée dans l’esprit du
Juif, elle est le motif central de nos fêtes les plus solennelles, Roch
Hachana et Yom Kippour. Elle traverse l’histoire d’Israel d’un bout à
l’autre (déchéance et repentir de Caïn, déchéance et repentir du peuple
devant le veau d’or, etc.). Cette idée doit être d’une actualité presque
quotidienne pour chacun, car elle est le puissant ressort qui doit inspirer
l’effort humain. Il n’y a pas de place dans le judaïsme pour la condamnation
définitive, pour l’abandon et le désespoir.
La Thora indique qu’il y a nécessité et possibilité de limiter l’infériorité
dans le temps, de la surmonter, de redevenir pur. Dans le cas de la femme,
il s’agit, aupréalable, de laisser la place à la nature, elle aussi oeuvre
divine et de ne pas s’opposer à l’accomplissement normal d’ûne nécessité
physique. Mais une fois arrivé au terme, le sacrifice symbolise la rentrée
des individus provisoirement retirés dans un isolement, à l’intérieur du
sanctuaire. Puissante idée, par ailleurs, que ce retour au sanctuaire de la
femme qui vient d’enfanter.
Elle exprime à la fois la nécessité de paraltre devant D. dans toute la
perfection possible du corps et de l’âme (cf. l’exclusion des prêtres
atteints par le mal, par exemple la cécité) et l’incompatibilité de l’élan
vers le spirituel, représenté par le sanctuaire, avec l’immobilité dans
l’impureté.
Dans le cas de l’individu lépreux, fautif par conséquent, la loi ordonne
tout d’abord la réclusion, autrement dit elle le condamne à subir les
conséquences de sa mauvaise action, et à connattre sur son propre corps la
peine infligée, moralement et physiquement, àautrui. Mais cette période elle
aussi doit se terminer par le retour au sanctuaire, par la réhabilitation
intégrale et la reprise de la vie normale devant D.
Ainsi, la vie du Juif est-elle un témoignage continuel de sa volonté de
perfectionnement, de son désir de surmonter tous les obstaclés. Toute la loi
n’a que ce seul but, qui est de l’aider dans cette tâche si noble, de le
seconder, de le diriger, de l’appuyer dans toutes les circonstances,
pénibles ou joyeuses, de ne pas être un carcan dans lequel il se sent
enfermé (quelle pourrait être sinon la raison de nous infliger de telles
disciplines ? peut-on admettre que c’est uniquement pour le plaisir de D.,
ou peut-être pour nous punir, que cette loi fut décrétée). « Rien de ce qui
est humain ne saurait m’être étranger s, a dit un penseur. Peut-on trouver
plus belle application de cette phrase que dans les passages que nous venons
d’étudier?
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