livre lévitique

paracha: tazria


RESUMÉ. Pureté et impureté, voici l’idée centrale des deux drolh jumelées. En premier (jeu figure la situation de la femme qui eu un enfant et qui doit observer une certaine période de purification vont de venir, enfin, apporter son offrande de reconnaissance entre es mains du prêtre. La suite du texte traite du cas de « tzora’ath » que l’on a coutume de traduire par « lèpre » mais qui n’est guère identique, comme nous le verrons plus loin, avec cette maladie encore fort ré pondue. Ce mal peut atteindre aussi bien le corps d’un homme ou d’Line femme que n’importe quel vêtement ou même une maison. Ce sont des prêtres spécialement préparés à l’examen de celle ploie qui doivent faire le constat pour déclarer ensuite l’impureté de l’objet en question. Les conséquences immédiates pour l’homme ou la femme atteint sont la réclusion temporaire et la purification selon un mode minutieusement indiqué, tandis que les vêtements atteints doivent être brûlés, après une période d’observation. Quant à la maison, elle sera également soumise à un examen approfondi par le prêtre-expert et en cas de récidive, détruite. Ces lois se terminent par les prescriptions relatives à des impuretés humaines d’origine physique qui entraînent également l’obligation d’observer un certain temps de retraite et de se présenter à sa fin devant le prêtre pour obtenir la réintégration par l’eau pure et le sacrifice d’expiation habituel.


 

 

La paracha TAZRIÂ contient 5 commandements positifs et 2 interdictions.
166. Prescriptions concernant la femme en couches.
167. Offrande de la femme après son accouchement.
168. Impureté de la lèpre.
169. Prescriptions sur le comportement du lépreux.
170. La lèpre des vêtements.
171. Interdiction à une personne impure de consommer des choses sanctifiées.
172. Interdiction de raser la partie teigneuse de la chevelure.

 

בס"ד


VAYIQRA/ Paracha TAZRIÂ
par Rav Arié LEVY 'Chalita'
Auteur du livre de commentaires
« LE CHANT DE LA VIE »
Maguid Chiôur au Collel francophone
DARKEI AHARON


N°183




Lorsque le peuple d’Israël était à un niveau où sa perception des voies de D’ était claire, les maladies étaient traitées au niveau spirituel. La réaction naturelle en cas de trouble quelconque, était de « consulter D’ », c’est-à-dire de s’adresser au Cohen et plus tard au prophète. Après une vérification minutieuse, le Cohen était en mesure de déceler si le mal consistait en une simple allergie ou infection quelconques, ou si la cause était rattachée à un défaut de l’âme. C’est le concept de l’Unité sous son double aspect : d’une part, l’identité du judaïsme, de la morale et de l’hygiène physique dans la pensée juive ; d’autre part, l’unité de l’être humain, dont l’esprit et le corps forment un tout indivisible. Aussi, trouvons-nous couramment, dans la Bible et le Talmud, de nombreuses données médicales liées étroitement à des prescriptions morales. L’homme est un microcosme dont les multiples composantes de nature spirituelle et physique s’harmonisent en un parfait équilibre, fixé avec une extrême précision. RAMBAM souligne avec insistance que la meilleure médication est celle qui se base sur les vertus morales et qui, en partant de ce principe, tend à rétablir l’union harmonieuse préétablie des forces morales et physiques, momentanément rompue. C’était donc le Cohen, en tant que premier serviteur de D’, qui faisait office de médecin. Le mot haCohen a la même valeur numérique que le mot rofé (médecin), et ceci montre à l’évidence que la Torah considère les maladies citées comme ayant des causes morales ; il appartenait au Cohen de les déceler, et la procédure décrite dans la paracha était destinée à orienter le malade vers la téchouva.

De nos jours, il est rare que nous établissions un rapport entre la maladie et les causes morales, et notre souci est principalement de découvrir et de vaincre les causes matérielles. Nous inversons la relation de cause à effet et prenons l’effet pour la cause. Le Kéli Yaqar et d’autres commentateurs expliquent longuement les raisons à nombres de maux : lachone harâ, grossièreté et autres causes morales ; il faut comprendre que l’effet, c’est-à-dire les affections physiques, ne sont pas des châtiments mais un signal, un feu rouge, qui doit fournir l’occasion de se retrouver seul avec soi-même et de méditer sur les conséquences de son acte et sur le moyen d’améliorer sa conduite. Par le fait même que la tsaraât, ce mal qui ressemble à la lèpre, soit issu d’un décret divin qui vient interpeller le fauteur, il ne fait pas de doute que la Torah veut ici nous indiquer qu’il n’est pas de signe qui soit fortuit, à condition que nous soyons attentifs à toute indication que D’ peut nous donner. Nous, peuple juif, savons d’instinct que lorsqu’une épreuve vient troubler notre quiétude sociale, familiale ou professionnelle, nous devons tout naturellement en rechercher la cause au fond de nous-mêmes.

Nous nous préparons à la solennité de PESSA’H et nous nous efforçons, avec beaucoup de minutie, d’écarter le ‘hamèts de nos maisons. Le rav Mordékhaï ELIYAHOU pose la question : à Kippour également il est question de Karèt (retranchement de l’âme de la Communauté d’Israël) pour celui qui consommerait de la nourriture ce jour-là, au même titre que celui qui consommerait du ‘hamèts à Pessa’h ; la Torah ne demande pas, concernant yom Kippour, de trier et d’éloigner de soi des aliments ; uniquement quand il s’agit du ‘hamèts il est dit « qu’on ne voie ni ne trouve… » Pourquoi spécialement à Pessah ? Et le Rav explique que le ‘hamèts c’est le yétsèr harâ (le penchant au mal).

Je pense que la comparaison du yétsèr harâ au ‘hamèts signifie ceci : le levain, prohibé à Pessa’h, suscite la fermentation en agissant sur la pâte et en décomposant ses parties. L’action du levain est comparée par nos Sages à la forme de fermentation dans l’âme humaine sous la forme du yétsèr harâ, qui soumet la pureté naturelle de l’âme à l’influence des forces de décomposition et qui les soulève contre les forces du bien. Car si l’homme analysait profondément la raison qui le pousse à se « gonfler » d’orgueil, à rechercher les honneurs ou à « gonfler » son imagination dans sa haine du prochain, il arriverait à prendre conscience de sa petitesse. Nos Sages décrivent ainsi le yétsèr harâ lorsque Hachem l’anéantira : aux Justes il apparaîtra immense, et ils diront : comment avons-nous pu le vaincre ? et ils pleureront ; aux impies, il apparaîtra minuscule, et ils diront : comment n’avons-nous pas pu le vaincre ? Et ils pleureront.

Compte tenu de la comparaison du ‘hamèts avec le yétsèr harâ, nous pouvons comprendre pourquoi la Torah nous incite à nous méfier du ‘hamèts, à le rechercher dans chaque recoin de la maison (et de nous-mêmes) et à l’éloigner de notre vue.

Haman (descendant d’Amalèq) qui avait décidé d’exterminer les juifs, invoqua devant Assuérus que les juifs disséminés dans les provinces du royaume avaient des lois différentes de celles des autres nations et il conclut « il n’est donc pas de l’intérêt du roi de les conserver ». Nos Sages commentent que la raison invoquée par Haman était qu’ils refusaient de travailler, tantôt le Chabbat, tantôt à Pessa’h. On peut comprendre qu’un Chabbat par semaine le dérangeait, mais Pessa’h ne comprend que sept jours, une fois par an. Mais Haman avait remarqué combien les juifs s’affairaient à éloigner le ‘hamèts, et il leur en demanda la raison. Il lui fut répondu : parce que le ‘hamèts, c’est le yétsèr harâ ; or l’essence même du mal c’est Amalèq à propos duquel la Torah nous demande de nous souvenir «d’effacer le souvenir d’Amalèq»

A la sortie d’Egypte, à l’époque d’Haman et de nos jours, Amalèq se manifeste à chaque génération afin de nuire au peuple d’Israël ; il est intéressant de constater que Iraq (âïne, rèch, qouf) et Egypte (mème, tsadiq, rèch, youd, mème) ont la même valeur numérique = 380 ; de même Sadam ‘houssein a la même valeur numérique que Amalèq = 240.

Nous savons que Darius le Mède et Cyrus le Perse vainquirent l’empire babylonien (l’Iraq actuelle) en l’an 364 avant l’ère civile. Nos Maîtres enseignent que Cyrus (Korèch : caf, rèch et chine) c’est Darius (Dariavèch : dalèt, rèch, youd, vav, chine) et la guématria de Korèch est celle de Dariavèch = 520. Celui qui s’est donné pour mission de faire capituler l’Iraq et son dictateur s’appelle Georges Bouch (guimel, youd, vav, rèch, guimel, bèt, vav, chine) dont la valeur numérique est la même que celle de Cyrus (ou Darius) = 520 . Il y a 14 ans, lorsque la guerre du golfe prit fin, on nous a dit : mais Georges Bouch n’a pas réussi à faire abdiquer le tyran irakien, peut-être que ce compte n’est pas exact. Et voici qu’aujoud’hui, le président américain dont le nom est le même que celui de son père, prend sur lui d’achever la tâche qui fera de lui l’égal de Korèch, non seulement sur le plan de la guématria mais également sur le but à atteindre. Rappelons-nous que la guerre du golfe prit fin à Pourim qui eut lieu au temps de Haman = Amalèq = Sadam ‘Houssein, et que cette fois, tout a commencé le jour de Pourim. Peut-on parler de coïncidence ?

Il n’est pas question pour nous de compter plus qu’il n’en faut sur la puissance mondiale, mais de rester en éveil et de prier le Maître du monde qu’IL continue à veiller sur son peuple à Sion et dans la diaspora, car bien que pendant la guerre du golfe 39 skudes n’ont tué aucun juif en Israël, un seul skude à tué en Arabie saoudite des dizaines de personnes, et un autre a tué en Afghanistan 300 personnes et fait 700 blessés.

Peut-être Hachem veut-il renforcer notre foi et nous faire savoir que de grands miracles se sont alors produits, et qu’ils continuent de se produire aujourd’hui.

CHABBAT CHALOM ET ‘HODECH TOV !


 

COMMENTAIRE

la thora commentée de MARC BREUER

 

RÈGLES DE PURETE APRÈS LA NAISSANCE. « Une femme deviendra enceinte et donnera naissance à un enfant s. Avec une grande limpidité, la Thora nous donne, par cette loi, l’idée qu’elle a conçue du rôle de la mère et de son importance dans le cycle de la vie humaine. Aucun événement de l’existence de l’être humain n’est davantage capable d’effacer les limites entre l’homme et la bête que le processus de l’enfantement. Soumise à l’inexorable loi de la nature, la femme lutte de toutes ses forces physiques donner la vie à un nouvel hôte du monde. Tout rappelle point par point l’impérieuse nécessité physique ô laquelle doit obéir toute créature. Et la grandeur, la liberté souveraine de l’homme subissent une dure épreuve en présence de la soumission aveugle, impuis­sante, à l’impératif de la nature. Rien n’est donc plus dangereux pour l’exercice de cette grande notion de (<liberté>) que cette phase animale dans la vie humaine. Et c’est précisément pour enseigner ô la femme l’obligation de sortir, une fois la naissance achevée, de ce cercle de la dépendance physique et de regagner son être libre, que la Thora l’appelle à se présenter devant le prêtre, aussitôt après son rétablissement. Il est remarquable que le texte sacré intercale la loi de la circoncision de l’enfant au huitième jour. La raison en est l’intime rapport de la qualité de Juif de l’enfant avec la mère. En effet, c’est la mère juive qui, seule est capable de donner cette qualité à l’enfant. D’autre part, c’est certainement plus qu’une coïncidence que la période première de l’impureté de la mère soit de sept Jours, en conséquence de quoi le huitième jour est le début. d’une nouvelle existence, élevée et noble à la fois pour la mère et pour l’enfant. La même pensée se retrouve dans cette «mila », spiritualisation du physique et dans le retour de la mère souffrante dans la société juive, image d’une humanite consciente de son caractère de servante libre de Dieu. Finalement, il faut relever la différence entre la période d’impureté de la mère en cas de naissance d’une fille et celle d’un fils. Cette période est double pour une fille, et l’intention du législateur était peut-être de donner ainsi ô la mère la notion de la gravité et de l’importance capitale de l’oeuvre d’éducation à accomplir préci­sément auprès de sa fille. La mila du garçon incombe au père ou à ses représentants, mais l’initiation de la jeune fille à sa future tâche de compagne digne et hautement inspirée de l’idéal juif est presque exclusivement le devoir de la mère. Au centre de cette éducation est la Pureté~ Et c’est en insistant davantage sur le chemin difficile et long à parcourir pour atteindre et défendre cet idéal de pureté que la jeune mère se prépare doublement.

Quant aux mesures de pureté elles-mêmes, imposées à la jeune mère, les opinions diffèrent sur le fondement de cette insti­tution. Une des thèses les plus intéressantes évoque la figure d’Eve et la malédiction qui fut prononcée contre elle. R parait alors que l’état d’impureté devra être mis en rapport avec l’accomplissement de cette malédiction. La femme ayant accouché a fait l’expérience sur sa propre chair des souffrances annoncées dans le texte de la Genèse. Son état d’impureté et le sacrifice qui l’achève seraient ainsi le prix du rachat de la faute d’Eve, la compensation, le relève­ment de la malédiction. Disons tout de suite que cette opinion ne peutêtre soutenue lorsqu’on voit de plus près la pensée de la Thora au sujet de la naissance et de la mort de l’homme. Gomment comprendre en effet que D., au début de la vie du premier homme, prononce cette phrase capitale Fructifiez et multipliez-vous, phrase qui contient sans aucun doute possible le devoir de prolonger l’existence du genre humain en donnant naissance a de nouveaux hommes. Nulle part dans la Thora nous ne trouvons que la naissance d’un homme soit un mal en soi, qui ait besoin d’un rachat. Il n’est pas possible en conséquence d’admettre cette thèse qui, par ailleurs, est d’inspiration typiquement chrétienne. La naissance d’un enfant est une joie pour la collectivité d’lsrabl, une bénédiction, dans le vrai sens du mot.

On a aussi essayé, une fois de plus, d’expliquer cette institution par des motifs de santé, une sorte de ((désinfection’> qui serait
~ xrne ~€ e~srÂ~k naturelle dùe aux circonstances de 1’ accouchement. Nous ne pouvons que reprendre ce que nous avons dit plus haut, à savoir que ce motif, sans être une raison suffisante, n’est pas à rejeter d’emblée. Les lois de pureté ont ceci de particulier qu’elles contribuent puissamment autant à la pureté morale qu’à la pureté physique du Juif. Ce n’est certainement pas un fait du hasard que certaines maladies, si répandues parmi les peuples, soient presque inconnues chez nous. Et si nos familles ont su garder une force physique qui a déjà fait l’admiration des anciens Egyptiens (cf. Exode 1,10), il est certain que les lois de la Thora y sont pour une bonne part.


LA « LÈPRE ». — Nous l’avons déjà dit la confusion de la maladie dont parle notre sidra avec la lèpre des pays chauds est très répandue et cependant, entièremment erronée. L’étude de notre texte apporte à cela des preuves multiples. Toutes les mesures <(hygiéniques)~ que le prêtre doit prendre au sujet de l’individu atteint n’ont rien de commun avec les précautions élémentaires que l’on rencontre habituellement pour toute maladie contagieuse. Il est par exemple, curieux de constater que l’examen du prêtre (qui peut parfois se prolonger plusieurs jours) n’entraîne pas la réclusion immédiate. Ce n’est qu’au moment du constat proprement dit que les prescriptions prévues entrent en jeu. De même, le corps qui est, sans qu’il subsiste aucune partie saine, entièrement atteint par le mal, n’est pas non plus déclaré impur. Un non-juif, qui présente des symptômes tout à fait analogues n’est pas non plus touché par la loi de réclusion. La question se pose alors de savoir à quel genre de maladie nous avons affaire et quel peut être le sens de cette institution ?
Un épisode de la Thora (Nombres, ch. XII), nous permettra d’éclaircir le problème. Miriam, soeur de Moïse, s’est rendue gravement coupable en médisant de son frère. Elle est alors frappée par ce mal de la « lèpre~> qui l’oblige à s’éloigner pendant sept jours du camp d’Israel et de vivre entièrement isolée de la collectivité. La tradition orale nous enseigne alors à ce sujet que chaque cas de médisance grave fut frappé de la sorte. Il n’est pas difficile de saisir le sens de cette sanction. La médisance, la mauvaise langue, est le danger le plus mortel pour toute société, grande ou petite. Il est impossible d’établir une vie sociale harmonieuse et respectueuse de la vie et de l’honneur de chacun, si l’individu n’est pas à l’abri de la menace sournoise dc la calomnie. Nos Sages n’ont-ils pas dit que la destruction du Temple, la catastrophe nationale, furent les conséquences de cette funeste habitude?. Avec une inflexible volonté de justice, Dieu stigmatise le coupable et la Loi l’oblige alors à sortir du cadre de la société pour méditer sur les conséquences de son acte et, après un repentir sincère, revenir, guéri moralement et physiquement, parmi ses frères. Là encore, la loi procède par étapes. Elle prend en considération les degrés et nuances de la mauvaise action qui appelle la sanction. Vêtement, maison, homme enfin, voilà autant d’avertissements successifs pour mettre fin à la mauvaise attitude de l’homme inculpé.

Tous les détails de cette loi s’expliquent alors parfaitement si l’on tient compte de sa valeur, du but éducatif qui lui est propre. Tel, par exemple, l’homme qui est entièrement atteint et qui n’est pas déclaré impur, donc non soumis à l’isolement. Certainement la raison en est que, pour pouvoir effectuer un retour complet vers une amélioration morale, une partie, même infime de l’homme doit encore être intacte, doit encore être la cellule saine qui permettra la reconstitution ; entièrement atteint, il n’est plus impur car il n’y a plus moyen de procéder à son rétablissement.

Seul l’examen du prêtre déclenche la procédure prévue. Car, en effet, ce n’est pas un médecin mais c’est le prêtre, le gardien de la solidité morale et spirituelle du peuple qui doit intervenir. Ce n’est pas le corps physique de la nation, seulement, mais ce sont tous les éléments moraux qui composent notre nation que le danger de la médisance peut atteindre. Il est alors normal qu’à partir du moment où cette nation a cessé d’exister dans sa forme complète, sur une terre juive et régie par la loi juive, aussi bien la maladie elle-même que l’intervention du prêtre ont cessé. En somme, nous sommes en présence d’une institution grandiose qui complète par une action immédiate de D. l’oeuvre de justice des hommes, en éclairant d’une lumière violente tous les défauts intimes, mais non moins graves, de la société juive et que les juges humains ne disposant pas de moyens complets d’investigation et de jugement, ne peuvent pas sanctionner.

Si nous reprenons l’ensemble de la Sidrah, et les dispositions
qu’elle édicte tant à l’égard de l’~ accouchée » qu’à celui du « lépreux », nous pouvons aboutir à une explication globale.
Nous pouvons nous trouver en état d’infériorité morale ou physique pour deux raisons différentes soit par une loi naturelle, soit par une négligence, par une faute. Dans les deux cas, il s’agit tout d’abord de prendre conscience de cet état d’infériorité, puis de s’imprégner de l’idée que toute infériorité humaine ne doit êtreque passagère, qu’aucune déchéance fatale n’est prononcée par le Créateur à l’égard de qui que ce soit. La leçon de la « Techouba s, c’est-à-dire du retour, du pouvoir illimité de l’homme sur la gestion de ses affaires, sa capacité, que nul ne peut lui enlever de se ressaisir et de remonter la pente, voilà l’enseignement capital du judaïsme. Aucune occasion n’est manquée pour faire revivre cette idée dans l’esprit du Juif, elle est le motif central de nos fêtes les plus solennelles, Roch Hachana et Yom Kippour. Elle traverse l’histoire d’Israel d’un bout à l’autre (déchéance et repentir de Caïn, déchéance et repentir du peuple devant le veau d’or, etc.). Cette idée doit être d’une actualité presque quotidienne pour chacun, car elle est le puissant ressort qui doit inspirer l’effort humain. Il n’y a pas de place dans le judaïsme pour la condamnation définitive, pour l’abandon et le désespoir.
La Thora indique qu’il y a nécessité et possibilité de limiter l’infériorité dans le temps, de la surmonter, de redevenir pur. Dans le cas de la femme, il s’agit, aupréalable, de laisser la place à la nature, elle aussi oeuvre divine et de ne pas s’opposer à l’accomplissement normal d’ûne nécessité physique. Mais une fois arrivé au terme, le sacrifice symbolise la rentrée des individus provisoirement retirés dans un isolement, à l’intérieur du sanctuaire. Puissante idée, par ailleurs, que ce retour au sanctuaire de la femme qui vient d’enfanter.
Elle exprime à la fois la nécessité de paraltre devant D. dans toute la perfection possible du corps et de l’âme (cf. l’exclusion des prêtres atteints par le mal, par exemple la cécité) et l’incompatibilité de l’élan vers le spirituel, représenté par le sanctuaire, avec l’immobilité dans l’impureté.
Dans le cas de l’individu lépreux, fautif par conséquent, la loi ordonne tout d’abord la réclusion, autrement dit elle le condamne à subir les conséquences de sa mauvaise action, et à connattre sur son propre corps la peine infligée, moralement et physiquement, àautrui. Mais cette période elle aussi doit se terminer par le retour au sanctuaire, par la réhabilitation intégrale et la reprise de la vie normale devant D.
Ainsi, la vie du Juif est-elle un témoignage continuel de sa volonté de perfectionnement, de son désir de surmonter tous les obstaclés. Toute la loi n’a que ce seul but, qui est de l’aider dans cette tâche si noble, de le seconder, de le diriger, de l’appuyer dans toutes les circonstances, pénibles ou joyeuses, de ne pas être un carcan dans lequel il se sent enfermé (quelle pourrait être sinon la raison de nous infliger de telles disciplines ? peut-on admettre que c’est uniquement pour le plaisir de D., ou peut-être pour nous punir, que cette loi fut décrétée). « Rien de ce qui est humain ne saurait m’être étranger s, a dit un penseur. Peut-on trouver plus belle application de cette phrase que dans les passages que nous venons d’étudier?