livre lévitique

paracha: tazria

  La paracha MÉTSORÂ contient 11 commandements positifs.
173. Purification du lépreux selon des rites bien définis.
174. Tonsure du lépreux le septième jour.
175. Immersion dans un bain rituel des personnes impures.
176. Offrandes obligatoires du lépreux, après guérison.
177. La lèpre des maisons.
178. Impureté d'un homme affligé de flux.
179. Offrande du zav après guérison de son flux.
180. Impureté de la matière séminale.
181. Impureté de la nidda.
182. Flux zava prolongé chez la femme.
183. Offrande de la zava après sa purification.
VAYIQRA/ Paracha METSORÂ / DERACHA CHABBAT HAGUADOL
par Rav Arié LEVY 'Chalita'
Auteur du livre de commentaires
« LE CHANT DE LA VIE »

Maguid Chiôur au Collel francophone
DARKEI AHARON

 

N°184


Une déracha est habituellement donnée le Chabbat qui précède la fête de Pessa’h, appelé CHABBAT haGUADOL, c’est-à-dire Chabbat prochain. Cette année, du fait que la téfila de Cha’harit du Chabbat haGuadol aura lieu de très bonne heure afin de consommer pour la dernière fois du ‘hamèts, cette déracha est devancée et sera donnée ce Chabbat dans toutes les synagogues. C’est pourquoi ce Chabbat est appelé Déracha Chabbat haGuadol.

Le Chabbat qui précède la fête de Pessah est appelé « le Grand CHABBAT » en raison des grands bienfaits dont D’ nous a comblés en nous délivrant du joug égyptien. Le décret annonçant à Avraham que ses descendants vivraient en qualité d’étrangers dans un pays qui ne serait pas le leur, portait sur quatre cents ans ; pourtant, ils n’y séjournèrent réellement que deux cent dix ans ; pourquoi ? J’ai entendu l’explication suivante au nom du Ben Ich ‘Haï : le décret divin ne concernait qu’un asservissement physique, mais la cruauté des égyptiens s’appliqua à briser également leur vigueur morale et spirituelle. C’est pourquoi D’ tint compte du surplus de souffrance qui n’était pas prévu, et modifia le jugement initial.

Nous disons dans la Haggada : « nous y entonnerons un nouveau cantique au sujet de notre délivrance et de l’affranchissement de notre âme ». Il y eût donc deux délivrances, l’une physique, l’autre spirituelle. Nous pouvons le comprendre à travers les recommandations de David à son fils Salomon, auquel il demanda de se comporter avec clémence à l’égard d’un tel, et à propos de Ehoud ben Ghéra il dit : il mérite la mort, aussi agis à son égard selon ta sagesse. Après la mort du roi David, Salomon convoqua ben Ghéra et lui commanda de ne pas quitter Jérusalem. Comment comprendre ce décret, lorsque nous considérons qu’il constituerait pour d’autres un rêve de n’avoir pas à quitter la Ville Sainte leur vie durant ? Il en est ainsi, que l’homme, dès l’instant où on lui interdit de se mouvoir en dehors d’un secteur précis, fût-il son propre château, considère celui-ci comme une prison. C’est dans cette perspective que nous expliquons le principe : « celui qui accomplit un commandement parce qu’il en a le devoir est plus louable que celui qui l’accomplit de son propre gré ». Prenons l’exemple de deux adolescents, l’un âgé de plus de treize ans, l’autre âgé de douze. Tous deux pratiquent la mitsva des téfiline ; on serait enclin à louer le plus jeune, qui bien que non encore tenu de le faire, s’y efforce pourtant de son plein gré. Nos Sages nous enseignent dans Tossefot que le bar-mitsva, parce qu’il est tenu d’accomplir ce commandement, a à lutter contre le penchant négatif qui ne se lasse jamais d’essayer de détourner l’homme des mitsvot, ce qui n’est pas le cas du second, qui n’a encore aucune obligation, et donc, l’action du premier a plus de mérite.

Nous rencontrons chaque jour chez nos enfants cette contradiction qui consiste à vouloir faire précisément ce que nous leur interdisons. Il se peut fort bien que l’enfant arrive de lui-même à éviter de récidiver, mais dès l’instant où un parent va interdire une telle action, son intérêt s’éveillera et le poussera dans un premier mouvement à une volonté contraire. Je cite souvent l’exemple de mon rav à la yéchiva, dont le fils était mon ami ; un jour, le rav me demanda de transmettre un conseil à son fils. Devant mon étonnement, il m’expliqua : je sais que mon fils est un garçon réfléchi, qui acceptera un conseil s’il lui vient de son meilleur ami. Cependant, étant donné qu’il est tenu à la mitsva de « honore ton père », l’obligation d’obéir et l’intervention du penchant négatif qui est en nous, risquent de perturber le bon fonctionnement de sa faculté de réflexion.

 Ainsi que nous l’avons dit, les béné Israël étaient doublement asservis en Egypte ; or, l’asservissement mental est beaucoup plus pénible que l’asservissement physique car il anéantit la volonté et la joie. Ils étaient arrivés à un état de dépendance physique et intellectuelle totale, semblables au fœtus dont la nourriture est la même que celle de sa mère. Les égyptiens de l’époque adoraient entre autres divinités le Nil, parce qu’il ne tombait pas de pluie en Egypte, et que le Nil débordait et arrosait le pays. L’orgueil de Pharaon le portait à se faire adorer en tant que divinité du fleuve dont il avait déclaré (Ezechiel 29/3) : « mon fleuve est à moi, c’est moi qui me le suis fait ! » A la sortie d’Egypte, l’âme des béné Israël était encore sous le joug de ses oppresseurs, malgré la libération miraculeuse et tous les prodiges auxquels ils avaient assisté ; d’où l’apprenons-nous ? du Cantique de la mer, où leur libération mentale ne s’est exprimée par le chant qu’après le passage de la mer, lorsqu’ils virent leurs persécuteurs, qui avaient annihilé leur croyance pendant dix générations, disparaître sous les flots.

Comment expliquer la notion de liberté que nous ressentons à l’approche de Pessa’h, lorsque chaque jour apporte son lot de nouvelles affligeantes ?

On raconte que le rav Abramski, qui avait été déporté en Sibérie, se préparait à prononcer un matin à son réveil « modé ani…je Te rends grâce de m’avoir rendu mon âme » lorsque le découragement l’envahit. En quoi, se dit-il, dois-je me réjouir de cela devant la terrible journée qui m’attend ? Mais il se ressaisit aussitôt en pensant au mot « émounatékha » et il se dit : s’il est vrai qu’on a pris ma liberté (physique), ma foi ne peut m’être ôtée, et cela mérite de rendre grâce à D’ .

Nous allons essayer de comprendre l’importance de la matsa à Pessa’h, outre le fait qu’elle perpétue la hâte de la sortie d’Egypte et le souvenir de la libération. Le pain constitue un aliment dont nous ne nous lassons jamais, ce qui n’est pas le cas d’autres aliments dont l’usage exagéré peut nous amener à nous en dégoûter. Il représente la subsistance essentielle qui peut à elle seule nous maintenir en vie, tout comme le lait maternel pour le nourrisson. La matsa, constituée uniquement de farine et d’eau, sans l’ajout d’aucun autre élément, symbolise le lien entre l’homme et son créateur.

L’acquisition de la connaissance du Emèt comporte trois stades :

1/ La ‘hokhma, qui consiste en la certitude de l’existence de D’ Créateur de l’Univers
2/ La bina, qui est la compréhension des choses à travers la connaissance du Emet
3/ Le daât, par lequel ces deux notions s’incrustent en nous afin de nous en servir en toutes circonstances

En regard de ces trois notions se trouvent les trois matsot du Sédère de Pessa’h.

* Selon le sens ésotérique (sod), la matsa du dessus correspond à la ‘hokhma ; c’est la matsa sur laquelle nous disons la bénédiction « hamotsi », par laquelle nous reconnaissons l’existence de D’ , notion qui marque le lien mutuel qui nous unit.

* La matsa du milieu correspond à la bina ; c’est la matsa sur laquelle nous prononçons la formule « âl hakhilat matsa » ; par là nous marquons le lien entre la compréhension des choses et leur impact sur notre âme.

* La matsa du dessous correspond au « daât » qui confirme l’attachement et l’union (selon l’expression de la Torah dans Béréchit : et l’homme avait connu Eve, sa femme…), autrement dit de ne pas se contenter de savoir et de comprendre, mais d’amener cette connaissance au cœur, siège des sentiments, afin que l’âme s’en imprègne. C’est avec cette matsa que nous accomplissons la mitsva de « korèkh » le mot signifiant lui-même « relier » deux éléments.

Ces raisons nous aident à mieux comprendre pourquoi la Torah appelle Pessa’h « hag hamatsot ». Les égyptiens avaient pour but de briser la vigueur physique et spirituelle du peuple juif, autrement dit de rompre le lien qui unissait la ‘hokhma et la bina dont le siège est le cerveau, au daât dont le siège est le cœur ; par l’importance que nous accordons à la mitsva des trois matsot du sédère, la possibilité nous est donnée de relier ces trois éléments qui sont nécessaires à la construction de l’âme juive, qui était asservie à un peuple et à des croyances étrangères, et ce, par la connaissance du Emèt.

Toutes les halakhot relatives à la veille de PESSA’H qui tombe un Chabbat figurent dans le livre de commentaires du
Rav Arié LEVY « LE CHANT DE LA VIE »