RABBI MEIR BAAL HANESS
Rabbi Akiba avait 24000 élèves, les uns plus érudits en Torah que les
autres. Ces étudiants périrent pendant la période qui sépare Fessa ‘h de
Chavouot (Orner), parce qu’ils ne se témoignaient pas de respect mutuel.
Rabbi Akiba restaura l’étude avec 5 nouveaux Sages Rabbi Chimone Bar Yo’haï
; Rabbi Méir ; Rabbi Yossi ; Rabbi Eleazar Ben Chamoua et Rabbi Yehouda. Ces
rabbins restaurèrent la Torah entière. (Yévarnot - 62b).
Le Talmud nous raconte l’empereur romain avait dépêché Néron pour détruire
Jérusalern. Lorsqu’il arriva à proximité de la ville, il voulut interroger
le sort pour savoir si cela lui serait possible. Que fit-il ? Il lança une
flèche du côté de ltest, elle tomba sur Jérusalern ; il en lança ainsi à
partir de chacun des 4 points cardinaux: toutes tombèrent sur Jérusalem. Il
comprit ainsi qu’il réussirait dans son entreprise. Il vit passer un enfant
Juif et lui dit:
« récite moi ton verset! ». L’enfant lui répondit: « J’exercerai Ma
vengeance sur Edom par mon peuple Israel » (Ezechiel 25)
Il se dit: «Le Saint béni soit-Il désire détruire son sanctuaire, mais Il me
punira ensuite pour cela...»
Il prit la fuite et se convertit au Judaïsme Rabbi Méir fut l’un de ses
descendants. (Guittin,
56) ‘O”
Nos sages disent que le nom de Rabbi Méir était en fait Rabbi Nehouraï et
qu’on l’appelait Rabbi M~ir parce qu’il éclairait les sages dans le domaine
de la Haiakha.
S’il en est ainsi, pourquoi la Halakha n’a pas été fixée selon son opinion?
Car il avait la possibilité de dire d’une chose présumée impure qu~elle
était pure et de le prouver, et vice et versa, à tel point que nul ne
pouvait savoir quand il avait raison ou tort (Erouvin,13b).
Ravina disait de lui: “Lorsqu’on voit Rabbi Méir au Beth-Hamidrach, on a
l’impression qu’il déracine des montagnes et les broie...
Rabbi Akiba lui donna la Smikha ,mais il ne la reconnut pas, parce que Rabbi
Méir était encore un jeune homme à l’époque.
Rabbi Méir est nommément cité dans trois cent trente cinq halakhot (règles
et lois) de la IVlichna. La tradition precise que si dans la Michna on
trouve simplement le terme Matnitin (on apprend dans la Michna) c’est de
Rabbi Méir dont il s’agit. Son enseignement : 1/3 Halakha ; 1/3 Agada; 1/3
Machal. Son antagoniste principal fut son collègue Rabbi Yehouda.
il n’accepta jamais de tirer un profit quelconque de la Torah et ses revenus
lui venaient de ses travaux de scribe. Ses élèves lui demandèrent une fois :
Rabbi, et tes enfants qui subviendra à leurs besoins ? «S’ils deviennent des
justes, les besoins seront satisfaits ; je n’ai point vu de juste délaissé,
ou ses enfants obligés à mendier du pain (Tehilim 37) ; et Si ce ne sont pas
des justes, dois-je laisser mon bien aux ennemis de D.ieu?»
Rabbi M~ir, Rabbi Yehouda et Rabbi Yossi voyageaient ensemble. Rabbi M~ir
avait égard au nom des personnes qu’il rencontrait. Le nom avait-il une
signification heureuse, c’est que celui qui le portait avait de bonnes
qualités ; dans le cas contraire, celui qui le portait n’inspirait plus
confiance à Rabbi Méir, tandis que les deux autres rabbins étaient
indifférents ~ cet égard.
La vieille de Chabbat, nos trois voyageurs pour ne pas violer la loi
chabbatique, s’arrêtèrent dans un village où il y avait un hôtelier
répondant au nom de Kidor.
Le nom ne plut pas à Rabbi Méir, car ce la lui rappelait le verset: «Ki dor
Tahpou ‘hot Hema (Devarirn 32)». Rabbi Yehouda et Rabbi Yossi traitèrent
leur camarade de visionnaire, et n’hésitèrent pas à confier leur bourse à
leur hôte. Rabbi Méir, fidèle à ses pressentiments cacha sa bourse dans le
caveau funéraire de la famille de son hôte. Il était certain qu’elle serait
là en sûreté. Pendant la nuit Kidor eut un songe ; il vit son père qui lui
conseillait de prendre la bourse qui était dans son caveau. Le lendemain
jour de Chabbat, Kidor raconta son rêve à Rabbi Méir; ce dernier lui dit: «
comment peux-tu accorder de l’importance aux rêves ?» Rabbi Méir, peu
confiant, garda les abords du caveau pendant le Chabbat. A la tombée de la
nuit, il reprit sa bourse, et il fit bien; car, lorsque le dimanche matin
les deux confiants rabbins demandèrent leur argent à l’hôtelier, celui-ci
déclara catégoriquement ‘avoir rien reçu. Mais Rabbi Méir ne perdit pas son
sang froid. Il remarqua que Kidor venait de manger des lentilles et qu’il en
était resté une sur ses lèvres. Il se mit en route avec ses compagnons
pendant que Kidor donnait l’argent à sa femme ; argent dont il venait de
dépouiller les voyageurs. Après un quart d’heure de marche, Rabbi Méir
retourna seul à la maison de Kidor et raconta à la femme de l’aubergiste que
ce dernier l’envoyait pour qu’elle lui remette l’argent que lui avait confié
son mari, ce dernier devant investir cet argent dans une affaire ; comme
preuve de la véracité de sa mission, il ajouta:
« vous avez mangé des lentilles aujourd’hui ».
La femme ne douta plus et remit l’argent à Rabbi Méir, qui alla sans plus
tarder rejoindre ses amis. Lorsque Kidor revint le soir chez lui, sa femme
s’empressa de lui raconter qu’elle avait remis l’argent au messager qu’il
avait envoyé. Décrire la fureur de Kidor est impossible. Il comprit que
c’était un des hôtes de la veille qui avait repris son argent volé et il se
vengea en tuant sa femme.
Rabbi Méir était Roch Yechiva à cette époque car il était le plus important
des élèves de Rabbi Akiba et cela lui conférait le premier rang. Il alla
ensuite s’installer à Tibériade où il fonda un Beth-Hamidrach. L’un de ses
plus grands disciples fut Rabbi Yehouda Hanassi, qui disait : < Si je suis
plus brillant que mes collègues, c’est parce que j’ai vu le dos de Rabbi
Méir» (Erouvine).
On rapporte qu’il donnait pour toute chose impure 48 raisons d’impureté ; et
pour toute chose pure, 48 preuves de sa pureté. Rabbi Méir a eu deux fils
qui moururent de son vivant.
Rabbi Méir fut témoin de l’assassinat et du martyre des justes de son temps.
Il vit comment les romains lacérèrent le corps de son saint maître Rabbi
Akiba, avec des peignes de fer; comment Yehouda Ben Baba fut tué, comment
Rabbi Hananya Ben Teradion qui rassemblait les foules et leur enseignait la
Torah, fut condamné par les romains à être brûlé vjf. Berouria, fille aînée
de Rabbi Hananya Ben Teradion devint la femme de Rabbi Méir.
Une soeur de Berouria fut enlevée par les romains et envoyée à Rome, pour
punir la ténacité de Rabbi Hananya et de le déshonorer dans la personne de
ses enfants.
Berouria dit à son mari <~ C’est une chose odieuse pour moi de savoir que
ina soeur est vouée à la honte ». Rabbi Méir se munit d’une bourse remplie
de dinars et partit en disant:
<x Si elle est restée pure, je la sauverais par un miracle ; sinon, le
miracle ne se produira pas ». Prenant les allures d’un cavalier romain, il
alla trouver la jeune fille et se convainquit bientôt par ses réponses
qu’elle était toujours digne de sa famille. Se rendant auprès de son
gardien, il lui dit: « cède-moi cette jeune fille !» « Je ne puis, répondit
le gardien, carje dois remettre aux agents du trésor public le prix de son
déshonneur ». «Prends cette bourse, lui dit Rabbi Méir; tii garderas la
moitié pour toi, et chaque fois que l’on te demandera de l’argent tu en
donneras du restant ». «Mais quand cette moitié sera épuisée que ferais-je?»
répondit l’homme. « Tu diras : «D.ieu de Méir, viens à mon secours» et tii
seras sauvé!» « Est-ce bien vrai ?» se méfiait l’homme. Or, il y avait
autour d’eux des chiens méchants qui mordaient les passants : Le gardien de
la jeune fille leur jeta un peu de terre, et les chiens se précipitèrent sur
lui. Il s ‘écria alors : «D.ieu de Méir, viens à mon secours ! » et les
chiens le lâchèrent. Convaincu par ce miracle, il donna la jeune fille à
Rabbi Méir. Le gouverneur, ayant appris cet enlèvement, s’empara du gardien
et le condamna à la potence. «D.ieu de Méir réponds moi! » implora-t-il. Il
fut impossible de le pendre. Les bourreaux l’interrogèrent et il raconta son
histoire. Aussitôt le signalement de Rabbi M~ir fut envoyé à tous les
gouverneurs et Rabbi Méir dut se sauver.
Rabbi Méir donnait un cours au Beth-Hamidrach tous les vendredis soirs. Une
femme avait l’habitude de venir écouter son discours. Il arriva une fois que
Rabbi Méir s’étendit sur son sujet, et là quand la femme retourna chez elle,
les bougies de Chabbat étaient déjà éteintes. Son mari l’interrogea: «Où
étais-tu ?» «J’écoutais la Dracha de Rabbi Méir ». «Eh bien, répondit le
mari, tii ne rentreras pas avant d’aller cracher au visage de ce discoureur.
Rabbi Méir, dans son esprit prophétique le sut ; il fit semblant d’avoir mal
à l’oeil et demanda si une femme dans l’assemblée, connaissait les murmures
pour guérir et vienne pour le soulager (les murmures s’accompagnaient de
crachats). Cette femme se présenta. « Sais-tu murmurer les formules pour les
yeux?» «Non! » fut la réponse ; Rabbi Méir lui recommanda alors de lui
cracher 7 fois au visage. Il lui dit alors : «Ton mari t’a ordonné de me
cracher une fois au visage, tii lui dira que tii as craché 7 fois ».
Ses élèves s’insurgèrent: « Nous aurions pu faire venir ce mari et lui
infliger la flagellation, jusqu’à ce qu’il se réconcilie avec sa femme ».
«Mon honneur est-il plus cher que celui du Créateur ? répondit Rabbi Méir.
Le Nom ineffable qui a été écrit sur le parchemin doit être effacé dans
l’eau afin de ramener la paix entre un homme et son épouse. Le nom de Méir
ne doit-il pas s’effacer à plus forte raison?»
La reine Cléopâtre demanda à Rabbi Méir: <t Je sais que les morts
reviendront à la vie puisqu’il est écrit: «Et il apparaîtront dans la cité
comme des herbes des champs ». Mais je voudrais savoir: Lorsqu’ils
quitteront leurs tombes, seront-ils vêtus ou non?» «Faisons une analogie lui
répondit Rabbi Méir: Si un grain de blé, qu’on sème et qu’on enfouit tout nu
sous terre, en ressort lorsqu’il a germé, habillé de plusieurs couches ; à
plus forte raison les justes, qu’on enterre sans leurs vêtements, se
lèveront vêtus. (Sanhédrin).
La Tsedaka Sauve De La Mort
Rabbi Méir ne quittait jamais le Beth-Hamidrach, après la prière du matin.
Il arriva qu’il sortit une fois précipitamment après la prière. Il rencontra
en route deux serpents. L’un dit àl’autre: «D.ieu m’envoie à Anatot (près de
Jérusalem) mettre à mort Yehouda, sa femme et ses enfants, parce qu’il ne
fait jamais la charité. Rabbi Méir prit un autre chemin et arriva avant eux.
Il se présenta à la famille et leur demanda à manger. H dit à Yehouda:
«Prend ce pam et remet le moi en disant»: Ce pain, je te le donne en aumône
». Rabbi Méir dit àYehouda d’envoyer sa femme et ses enfants en sûreté
ailleurs, et ils restèrent les deux seuls. Vers deux heures du matin, le
serpent se glissa dans la maison. «Que fais-tu ici ?» lui dit Rabbi Méir. «D.ieu
m’a envoyé pour tuer Yehouda ». «Pourquoi ?» lui demanda Rabbi Méir. «Parce
qu’il ne fait pas de Tsedaka ». «C’est faux! » lui dit Rabbi Méir. Hier
soir, il m’a donné ce pain pour le voyage. Rabbi Méir fit sortir le serpent
et ferma les issues de la maison. Le serpent revint : Il prit la voix de la
femme de Yehouda: «Mon cher époux, ouvre moi la porte ». Quelques instants
plus tard le serpent prit la voix de son fils : « ouvre papa, il fait froid
». Ce n’est pas ton fils dit Rabbi Méir à Yehouda. Lorsqu’il se rendit
compte qu’il ne pouvait tuer Yehouda, il fut pris d’épouvante : «Malheur à
moi, car les cieux ont décidé une chose et en bas ils ont annulé le décret
». Il trouvèrent le lendemain le serpent mort au seuil de la porte.
Elicha Ben Abouya
Il fut un des maître de Rabbi Méir. Son génie était vaste et profond, mais
il abandonna la foi.
Son père, Abouya était un des plus riches propriétaires fonciers en Israel.
A la naissance de son fils Elicha, Abouya décida que le jour de la
circoncision de l’enfant une grande fête serait célébrée. Parmi les invité
Rabbi Eliezer et Rabbi Yehochoua.
Quand l’enfant fut circoncis, on se mit à table, et, avec les vins exquis et
les mets recherchés, les gais propos commencèrent à circuler. Les esprits
s’animèrent peu à peu, et àune conversation d’abord réglée, succédèrent
bientôt des causeries plus libres, provoquées par l’entrée en scène des
chanteurs et des danseuses.
A ce moment, les deux docteurs se dirent l’un à l’autre: « Laissons ces gens
s’occuper de leurs affaires mondaines, occupons nous de nos affaires, c’est
à dire l’étude de la Torah ».
Ils se retirèrent dans une autre salle et continuèrent leur étude sur la
Kabbale. Les deux savants étaient donc plongés dans leur discussion sur la
Merkava ; leurs arguments étaient si justes, les questions posées si
précises, qu’une « flamme divine» descendit sur eux et les entoura. Abouya
se précipita dans la chambre : «êtes-vous venus ici pour mettre le feu àma
maison ? ». Les sages lui expliquèrent que cette lumière était une suite à
leur étude «cette Loi a été promulguée au Sinaï, au milieu de la foudre et
des éclairs, et c’est elle qui dégage ces vives lueurs, que toi et tes
convives avez pris pour un incendie ».
Abouya plein d’admiration, sur la puissance de la Torah, fit un voeu de
consacrer son fils àcette étude. Mais, les mobiles étaient purement
intéressés...
L’enfant d’Abouya qui reçut le prénom d’Elicha montra dès son jeune âge des
dispositions remarquables pour l’étude. A un âge encore jeune, il égalait
déjà ses professeurs. L’étude ordinaire de la Loi ne suffisait plus à son
ardeur ; il se porta sur la métaphysique: sur le Zohar, ce gouffre où
d’autres intelligences avaient sombré. Le jeune docteur, entré, comme le dit
le Talmud, dans un jardin merveilleux œardess) foula aux pieds les plantes
les plus délicates ; en d’autres termes, le scepticisme devint sa doctrine.
Une fois, alors qu’il étudiait la Torah dans la vallée de Guinossar, Elicha
vit un homme grimper à la cime d’un palmier pour y attraper des oiseaux. La
Torah interdit de prendre ensemble la mère et les oisillons. Il faut d’abord
renvoyer la mère : «Afin que tes jours se prolongent », dit la Torah. Il vit
l’homme appliquer intégralement la « Mitsva» en renvoyant d’abord la mère ;
mais en redescendant il fut piqué par un serpent et mourut!
Où sont les jours long qu’il était sensé vivre?
Elicha en voyant cela devint hérétique ; on l’appela alors A’her (l’Autre).
En réalité, ces promesses de bonheur et longévité ne peuvent se rapporter
qu’à l’existence de l’âme dans le monde futur.
Certains de nos sages font la différence entre « l’usufruit» de la
récompense d’une Mitsva dans ce monde et «le capital » réservé pour le monde
futur.
il àpparaît de ce Midrach qu’il faut élargir le domaine de définition de la
vie au monde futur. Rabbi Méir continua d’étudier auprès de A’her; en Erets
Israel on disait: «Rabbi Méir a mangé la datte et rejeté le noyau ». Et
Rabba d’expliquer «Pourquoi les sages sont-ils comparés à des noix? C’est
que les noix, même si la coquille est pleine de boue, ce qui est
à l’intérieur reste propre. De même si un sage s’est avili, son enseignement
ne perd pas de sa valeur ».
A’her tomba malade et dut s’aliter . Rabbi Méir alla lui rendre visite et le
trouva très malade. «Si je me repens à présent que je suis très malade, mon
repentir sera-t-il accepté 7» «Même lorsque l’âme d’un homme est vacillante,
son repentir est encore accepté ». A ce moment Elicha se mit à pleurer et
rendit son âme.
Rabbi Méir, fidèle au maître dit: «Après ma mort, j ‘intercéderai pour lui
et j’obtiendrai son pardon définitif» ce jour une flamme sortira de la tombe
de A’her.
Cependant Rabbi Yo’hanan dit : « Quel est cet exploit d’avoir réussi à faire
consumer son maître par le feu?» Il ajouta: “Quand mourrai-je pour éliminer
cette fumée qui s’échappe de sa tombe ?» Quand Rabbi Yo’hanan quitta ce
monde il n’y eut plus de fumée sur la tombe de A’her.
Rabbi Méir mourut en Asie (hors d’Israel) ; il demanda à ses disciples :
«vous mettrez mon cercueil au bord de la mer, du côté de la Terre Sainte,
afin que les passants s’écrient : Ici repose l’homme que des paroles
haineuses ont chassé du pays ». Etant parti en exil, il voulait du moins
n’être séparé de cette Terre qu’il avait tant aimé que par les vagues de la
mer.
Ses dernières volontés furent ponctuellement exécutées;
son cercueil fut ramené plus tard et enterré à Tibériade, à proximité des
thermes et du lac de Tibériade.
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