Le jeûne du 17 Tamouz
Il y a des jours fixes dans notre calendrier où toute la Communauté doit
jeûner en souvenir des malheurs qui nous ont accablés à ces dates; ces
jeûnes ont été institués afin de réveiller nos coeurs à la pénitence. Ils
nous rappellent notre mauvaise conduite et celle de nos pères, semblable à
la nôtre, qui amené sur eux et sur nous les épreuves dont nous souffrons
encore aujourd’hui! Le souvenir de notre passé tragique nous incitera à
faire un retour sur nous-mêmes et à nous amender, comme il est dit (Lév. 26,
40): «alors ils confesseront leurs péchés et les péchés de leurs pères ».
C’est donc un devoir pour chacun de prendre à coeur, en ces jours de jeûne,
ce qui nous est arrivé, de faire un examen de conscience et de revenir à
Dieu. Car le jeûne n’est qu’un moyen pour nous amener au repentir ainsi
qu’il est dit à propos des habitants de Ninive. «Le Seigneur vit leurs
actes»; nos Sages font remarquer que le texte ne dit pas: il vit leurs
mortifications, leurs cilices », mais la rectitude de leur conduite! Le
jeûne n’est qu’une préparation à la Téchouva! Que l’on ne se contente pas,
néanmoins, de faire Téchouva : car en ces jours fixés par nos prophètes, le
jeûne est une mitsva pour toute personne bien portante.
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Les cinq événements tristes
du 17 Tamouz
La Michna (Ta’anit IV, 6) nous apprend que cinq événements se sont produits
le 17 Tamouz; 10 les premières Tables de l’Alliance furent brisées par Moïse
lorsqu’il vit le peuple danser autour du veau d’or; 2~ le sacrifice
permanent cessa au Temple; 3o la ville de Jérusalem fut prise d’assaut par
les Romains sous Titus (la prise de la Ville par Nabuchodonozor eut lieu le
9 Tamouz, selon Jérémie 52, 8); 40 Apostomos brûla la Tora; 50 une idôle fut
dressée dans le Temple.
Le 17 Tamouz dans le désert de Sinaï
Le 7 Sivan, après la Révélation du Sinaï, Moïse remonta au mont Sinaï afin
d’apprendre auprès du Saint béni soit-Il les lois générales et les détails
d’application, afin de recevoir les Tables de l’Alliance. En quittant les
anciens, il leur dit :je serai de retour près de vous au bout de 40j ours,
dans les premières heures de la 40e journée, et je vous apporterai les
Tables de l’Alliance! Les anciens comprirent que les 40jours comptaient à
partir du 7 Sivan tandis que Moïse ne compta pas le 7 Sivan, il comptait 40
jours complets, la nuit précédant le jour; or le 7 Sivan Moïse ne monta
qu’au cours de la matinée. Ainsi le 40e jour selon Moïse, serait le 17
Tamouz:
Dès le matin du 16, «Satan est venu et a jeté la confusion dans le monde,
lui donnant l’apparence de ténèbres, d’obscurité et de désordre; de sorte
que le bruit se répandit; Moïse est sûrement mort c’est pourquoi le désordre
s’est abattu sur le monde ! (Selon Chabbat 89 a ; voir aussi le commentaire
de Rachi sur Ex. 32, 1).
Comment les choses pouvaient-elles en arriver là? Comment ce peuple, qui
avait entendu la Voix Divine au Sinaï pouvait-il se laisser entraîner à
l’idolâtrie? Peut-on concevoir que tout Isra~l s’y soit laissé entraîner,
que seule la tribu de lévi dans sa totalité n’ait pas eu de défaillance? Où
étaient Na’hchon fils d’Aminadav et sa suite, les 70 anciens qui moins d’un
an plus tard seront inspirés par l’esprit Divin? Caleb, Béri, Bétsalel: eux
aussi ont-ils été entraînés?
En réalité, lors de la Révélation du Sinaï, le Saint béni soit-Il avait
purifié
le coeur de tous, ils avaient accepté la Tora» comme un seul homme, d’un
seul
coeur»! (Rachi Ex. 19, 2).
Mais le jour du veau d’or, il n’y avait pas approbation unanime, au
contraire, ils étaient divisés en de nombreuses factions!
Lorsqu’ils vinrent chez Aron le 16 Tamouz, croyant que Moïse ne reviendrait
pas, en lui demandant: «fabrique nous des dieux qui marchent devant
iX ~‘~is~ait dans l’esprit de la grande majorité du peuple d’un guide qui
les conduirait vers le but qu’ils voulaient atteindre.
Lorsque le creuset ou Aron
avait fait fondre l’or, sortit un veau par les sortilèges de ceux qui
voulaient une idole (la tourbe nombreuse qui les avait suivis d’Egypte le «Erev
Rav ») voir Rachi sur le verset Ex. 32, 8); les réactions furent très
variées.
Pour une petite minorité, les vieux instincts idolâtres s’éveillèrent
aussitôt
qu’ils virent l’idôle et aucune mise en garde ne servit plus: ils se
prosternèrent
de propos délibéré!
D’autres, plus nombreux que le groupe précédent, sentirent également
s ‘éveiller en eux le penchant vers le paganisme, mais ils ne participèrent
pas à la
frénésie du groupe précédent: ils se contentèrent de regarder d’un air
amusé.
Ç~xy~v,t. ~. l~. minorité de fidèles qui désapprouvaient, voyant la foule
qui «était portée au mal» (paroles d’Aron aux reproc~aes t~a s~Çx~x~, £K.
32., 22). ils ne voulaient pas s’en m~1er, convaincus qu’il n’y aurait pas
de pardon pour une faute aussi grave!
Que fera Moïse dans ces conditions? Se plaçant à l’entrée du camp, il
s’écria: «que ceux qui sont pour l’~ternel viennent à moi ! » Seule la tribu
de Lévi se rassembla autour de la bannière de l’éternel! Et Moïse fit
aussitôt le procès de ceux qui avaient de propos délibéré adoré le veau
d’or: ceux qui avaient agi en présence de témoins et après avertissement,
furent condamnés àmort et exécutés par le glaive, selon la loi (Deut. 13,
16); ceux qui avaient trans-gressé en présence de témoins, mais sans
avertissement, moururent par épidémie (verset 35). Pour la 3e catégorie
(sans témoins ni avertissement), ce fut ‘épreuve «eaux amères », à l’instar
de l’épouse soupçonnée d’infidélité! (ver~et 20: Moïse pulvérisa l’idole et
répandit la fine poussière sur l’eau, qu’il fit
boire aux enfants d’Israel). Mais la grande majorité du peuple sortit
indemne
le Ces épreuves: après la sanctification du peuple au Sinaï, nulle puissance
au
~onde ne pouvait arracher à Israel sa sainteté!
Nous avons la preuve que les coupables étaient une minorité infime en
comparant le chiffre donné par le recensement du peuple à l’aide des
Chékalim
u moment de la construction du Tabernacle et celui indiqué au moment de la
~~ortie d’Egypte!
Les Tables furent brisées
Lorsque Moïse avait reçu, à la fin de son premier séjour au Sinaï, les deux
ables du Témoignage « burinées par le doigt de Dieu », le pouvoir magique de
çtte «écriture divine » avait pour effet que «les tables se portaient
ellesêmes»: elles ne pesaient pas dans les mains de Moïse. Mais lorsque
Moïse, tpprochant du camp, aperçut le veau d’or et les danses, les tables
soudain sêrent lourd dans les bras du Maître, car le pouvoir magique des
lettres gra~es par Dieu s’était envolé en quelque sorte: aussi les tables
lui échappèrent s mains!
Un midrach fait la comparaison avec un Roi qui épousa une femme et
nfia la «K étouba » à son ami intime. Après quelque temps, on répandit des
propos calomnieux sur l’épouse du Roi. Que fit l’ami du Roi? Il déchira le
contrat du mariage, en expliquant: mieux vaut qu’on ne la juge pas comme
épouse infidèle! Ainsi raisonna notre Maître Moïse, se disant: si je ne
brise pas ces Tables, où toute la Tora est résumée, il n’y a plus d’espoir
pour le peuple d’Isra~l. N’est-il pas dit dans la Tora (Ex. 22, 19): «celui
qui a sacrifié aux dieux, sera voué à la mort»? Aussi décida-t-il de briser
les Tables du Témoignage; il pouvait ainsi dire à l’éternel: ils ne savaient
pas ce qui y était gravé!
Cette «génération du désert », dont nos Sages ont dit que c’était une
génération de la connaissance» (Dôr Déa), connaissance de la vérité,
connaissance intime de Dieu, a été aussi celle qui a «tenté le Seigneur» de
nombreuses fois dans le désert; veau d’or, les « Mi/’ônénîm », les plaintes
à cause de la manne, l’affaire des explorateurs, la révolte de Kora’h; dans
toutes ces affaires, toute la nation ou presque était impliquée. On peut se
demander pourquoi celui qui «appelle les générations dès le commencement»
(Isaïe 41, 4) a choisi cette «génération de la connaissance» pour accumuler
toutes ces fautes: c’est, disent nos Sages, afin d’apprendre la voie de la
Téchouva aux générations futures!
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