Le Rabbin Haï Halimi
zal naquit le 26 février 1921 à Constantine (Algérie). Aîné d’une famille de
huit enfants, il suivra la voie de son père, Abraham Halimi, comme sera
Rabbin.
ETS HAIM
A dix sept ans, il rentre à Ets Haïm où étaient formés les Rabbanim , sous
l’autorité de Sidi Fredj Halimi zal, un des grands de la génération. Il
restera quatre années à Ets Haïm et recevra sa smicha (diplôme) de Rav du
Dayan David Hacohen zal, célèbre pour sa grande érudition et la somme de ses
connaissances malgré sa cécité. Il reçoit aussi sa smicha de Chohet du Grand
Rabbin Yossef Gnassia zal.
SOUK HARRAS

Muni de tous ses diplômes, le Rabbin ‘Haï Halimi zal quitte Constantine en
1945 et se rend à Soukh Ahras dont il dirigera la communauté avec le Rabbin
Mordehai Il prend en charge notamment la Hazanout, la chehita et le koteb
(Talmud Thora).
En mai 1946, il fonde un foyer en épousant une fille Allouch, de Bône. Ils
auront cinq enfants. Son beau-père, M. Allouch un Roch Hevra bien connu à
Bône, et boucher de profession, était associé au Grand Rabbin Naouri zal.
En 1962 le Grand Rabbin Naouri zal lui propose la direction de la
Communauté de Bône, il refuse, ne voulant pas abandonner les derniers juifs
de sa communauté.
Avec trois valises et surtout ses couteaux de chehita, il quitte finalement
Soukh Ahras pour embarquer et arrive en France en septembre 1962.
SARCELLES
En 1963, le Rabbin ‘HaïAlimi zal rencontre de manière fortuite le Grand
Rabbin René Guedj chlita, à la synagogue de la Saussaie, au cours d’un
office.
En 1964 il aménage à Sarcelles au 27 avenue César Franck où il demeurera
jusqu ‘à sa mort. Il devient chommer dans la boucherie de M. Cohen Sabban,
et chohet des volailles. C’est là qu’il rencontre à nouveau le Grand Rabbin
Guedj chlita qui lui propose le poste de Ministre Officiant, en complément
de M. Berdugo zal qui avait la charge d ‘Encaisseur- Chamach.
Les années soixante furent fastes. A cette époque, me dira son fils, la
maison était ouverte aux quatre vents: les futurs Bar-Mitsva défilaient tous
les jours, la chehita des poulets se faisait souvent à la maison ou dans le
champ voisin. A cette époque, la maison ne désemplissait pas d’invités,
surtout à l’occasion de Chabbat et des jours de fêtes. Le Rabbin ‘Haï Halimi
zal aimait tout particulièrement son beau-frère, M. Michael Allouch zal.
Les années soixante dix débutent par un premier voyage en Israèl où il
retrouve son père après treize ans de séparation. Le Rabbin Avraham Halimi
zal décèdera en 1971.
1974 marque un tournant tragique dans sa vie : sa femme meurt brutalement.
Une période très difficile suivra. Il ne se remariera pas. Dès lors, entouré
de ses enfants, seule la Synagogue comptera, jusqu ‘à la fin de ses jours.
Le Rabbin ‘Haï Halimi zal restera jusqu ‘au dernier moment le bras droit du
Grand Rabbin René Guedj chlita, “mes yeux et mes oreilles” dira celui-ci.
Le champ d’activité du Rabbin ‘HaïHalimi zal est vaste et touche toutes les
couches de la Communauté:
la Hazanout, le Talmud Thora et la Hebra Kadicha.
Loin du tumulte des grands ténors de la Communauté, mais toujours en
première ligne, il préfère le silence. Et en silence, jour après jour il
construit un édifice sur des fondations exceptionnelles: il enseigne,
pendant ses trente années à Sarcelles, à environ 2100 Bar Mitsva qui ne
l’oublieront jamais, et qui n ‘oublieront jamais la douceur de son
enseignement.
Il assurera la Hazanout avec une
régularité de métronome. En 1975, le Rabbin David Cohen se joindra à lui.
La Hebra Kadicha lui donne l’occasion de se dévouer pour la Communauté, en
aidant et en consolant les endeuillés, et surtout en accomplissant les
derniers devoirs. Dans cette oeuvre, M. Victor Mamman sera son collègue de
toujours.
Toute l’activité du Rabbin ‘HaïHalimi zal à Sarcelles se fera sous
l’autorité du Grand Rabbin René Guedj chlita qu’il considérait comme son
maître et son ami.
Après une maladie ponctuée de rémissions et d’hospitalisations, le Rabbin
‘HaïHalimi zal décède brutalement le 7 septembre 1993. Le dernier Chabbat
avant sa mort, et malgré des souffrances intolérables, le Rabbin ‘Haï Halimi
zal tint à se rendre à la synagogue pour y prier. Prier comme toujours. La
Synagogue était sa vie, sa passion.
Que dire d’un Tsadik qui ne disait rien?
Peut-on parler d’un homme qui dominait la parole et qui vécut dans le
silence.
Oui car dans ce silence qu’il a su s’imposer, sa voix, au timbre chaud,
chanta la Thora, sa voix retentit dans l’enseignement des enfants, sa voix
consola les endeuillés.*pouvoir se taire dans les choses profanes, et savoir
élever sa voix pour servir D., tel est l’ultime message que nous adresse
Rebbi Hai, dans un dernier silence.
G HUZAN
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